Entre 1991 et 2006, John Payne remplaça John Wetton au sein d’Asia. A la reformation du line-up originel en 2006, il quitta le combo et créa Asia Featuring John Payne. Un EP, un single, des concerts et un tribute plus tard, nous nous retrouvons en 2017 où l’album éponyme poursuit sa lente progression. C’est à ce moment-là que Dame Faucheuse décide de nous enlever John Wetton. Par respect pour l’homme, Payne décide de sortir l’opus tant attendu sous un autre nom. C’est ainsi que naquit Dukes Of The Orient et que 2018 voit la sortie de son premier opus.
Erik Norlander est de l’aventure. Ce claviériste américain notoire, déjà membre de l’Asia de Payne, officie également chez Last In Line et Lana Lane, son épouse à la ville. Guthrie Govan (guitare) et Jay Schellen (batterie), qui formaient avec Payne le groupe GPS, sont également de la partie. Rien d’étonnant de ce fait que Dukes Of The Orient nous propose un rock progressif néo-classique teinté d’AOR.
Cet album éponyme répond donc aux caractéristiques des deux genres. Les morceaux structurant l’œuvre sont longs, proposent des brisures de rythmes, la technique des musiciens profite aux compositions et les mélodies sont cultivées sur les terres traditionnelles de l’arena rock.
Le mélange des genres est guidé de main de maître par Payne et Norlander. Ainsi aucun d'eux ne prend le pas sur l’autre. L’étalement outrancier des savoir-faire techniques n’est pas de mise, le côté progressif de l’ensemble étant habilement circonscrit par les velléités mélodiques. Ainsi, et même si parfois ELP, Yes et Toto s’invitent à la fête, l’Asia des premières heures est fréquemment à nos côtés tout au long des huit titres proposés. Allons-y, une fois n’est pas coutume, pour une petite revue de détail.
'Strange Days' et 'Seasons Will Change', ultra-catchy, sont des tubes en puissance. Le second pourrait même être adoubé au rang de nouveau 'Heat Of The Moment' (Asia). 'Brother In Arms' développe une accroche tout aussi puissante, parfois le rythme n’est pas sans rappeler le 'Separate Ways' de Journey. 'Amor Vincit Omnia' se fait ballade, la délicatesse du mariage piano/voix est remarquable et on pense à 'The Smile Has Left Your Eyes' d’Asia. 'Time Waits For No One', bien plus enlevé, semble tout droit sorti du premier album du groupe.
Ailleurs, 'A Sorrow’s Crown' et son orgue d’église présente la face la plus sombre de l’opus, nous faisant étrangement croiser de temps à autres les approches vocales et inspirations de Gary Hughes (Ten). 'Fourth Of July' est quant à lui guidé par un thème pop/progressif rock addictif aux synthés, du Asia pur jus parfait pour booster les foules au pied des scènes. En point d’orgue de l’album, le long, épique et fort progressif 'Give Another Reason' est empli de guitares acoustiques magnifiques et de volutes aux claviers au diapason.
Avec sa production parfaite - merci Monsieur Payne - cet opus de Dukes Of The Orient est décidemment à mettre entre toutes les mains. Voilà longtemps qu’AOR et prog n’avaient pas connu une telle lune de miel. Il faut dire qu’Asia et Orient ne sont pas localisés aux antipodes sur le planisphère…