Shed Seven est né dans les années 90 à l'époque où la britpop a connu son essor avec l'émergence de groupes tels que Oasis, Blur, Suede... Ce courant trouve naturellement ses racines qui s’inscrivent dans la mouvance des groupes anglais des années 60-70 tels que les Beatles en empruntant leurs harmonies tout en accentuant le rôle de la guitare avec un son plus lourd. Si le groupe n'a pas connu la même célébrité que ses confrères cités, il a marqué son époque en sortant avec une belle régularité, entre 1994 et 2001, pas moins de quatre albums qui ont eu les honneurs des charts outre-Manche. Mais autant la reconnaissance fut rapide, autant, comme beaucoup d'autres, Shed Seven a vécu les affres du split soudain, celui qui sournoisement s'insinue dans l'esprit du combo et finit par devenir réalité.
Depuis lors, et malgré des reformations épisodiques, aucun nouveau morceau n'a été proposé aux fans. Quelle ne fut pas leur surprise lorsque les membres de Shed Seven ont annoncé en février 2017 leur retour en studio pour un nouvel album’ "Instant Pleasure", qui au final sortira neuf mois plus tard, seize ans après leur dernier effort.
Alors Shed Seven s'emploie à exploiter tout ce qui fait le charme de ce genre, à savoir des mélodies pas toujours immédiates mais qui finissent par s'ancrer dans la mémoire à force d'écoutes et une musique puissante et saturée. D'apparence simple, les chansons composées par le combo britannique revêtent différentes strates parfois légères ('Nothing To Live Down' et ses chœurs vaporeux), syncopées et positives (‘Said I'm Sorry' et son refrain addictif) ou bien à l'inverse quelque peu mélancoliques ('Better Days' qui joue sur ses arrangements discrets et subtils de violon).
A force d'écoute, l'auditeur prend conscience qu'il tient entre les mains (et les oreilles) un disque très convaincant qui n'use pas d'artifices vains, avec des musiciens impliqués dans la recherche de la mélodie qui fait mouche, que porte une voix explicite exempte de cette nonchalance qui était la marque de fabrique d'Oasis. Il faut chercher ici la référence plutôt chez Keane ('Ennemies And Friends'), voire chez Elton John dans le titre choral 'Hang On' avec des cuivres rutilants et ses "hooo hooo" à la Mick Jagger.
Alors certes ce disque ne révolutionne en rien la britpop qui a perdu un peu de son prestige et qui se cherche désormais entre une modernité trop électronique lui faisant perdre ses racines et un passéisme frileux. Entre ces états se situe cet "Instant Pleasure" qui porte bien son nom tant le plaisir est quasi immédiat grâce à cette pop typiquement anglaise mise en valeur par Shed Seven qui en perpétue la tradition avec classicisme, classe et contemporanéité. Si le groupe n'a jamais eu l'aura de ses confrères de la grande époque, cet album lui permet de tirer enfin la couverture à lui et de devenir le dépositaire d'un style qui n'a pas encore dit son dernier mot.