Hamadryad aime prendre son temps. Les membres du groupe étant occupés dans d’autres projets, les cover-groups Time for Pink Floyd et Classic Rock Phenomenon, il aura fallu patienter 8 ans avant de voir arriver le successeur de l’excellent "Intrusion". Entre-temps le chanteur Jean-Philippe Major a quitté le navire, et c’est le bassiste Jean-François Desilets qui hérite du micro, comme aux débuts du groupe.
Fortement marqué par les influences de Yes ("Conservation of Mass", 2001) puis de Genesis ("Sage In Conformity", 2005), Hamadryad s’est progressivement formé une identité qui éclate dans ce "Black Hole" : le style s’affirme et n’hésite pas à côtoyer le metal (‘Fall’n Fly’), en proposant un mix assez proche d’un style fusion - témoin, le premier solo de guitare de ‘Paceful Exit’ au son lorgnant vers le jazz.
L’ensemble est au final résolument progressif, avec des revirements inattendus qui ne pourront que réjouir les amateurs du style : difficile de prévoir à l’entame d’un morceau où la musique va nous entraîner, sachant accoler des passages planants avec des zones dynamiques (‘Dark Souls’), en gardant un abord mélodique accessible et en jouant avec les harmonies vocales dans une manière qui rappelle Simon Says (‘So/By Your Side’).
Les influences restent discrètement perceptibles, notamment celles de Genesis dans le très hackettien ‘The Worst Is Yet to Come’ où le remarquable final de ‘Fall’n Fly’ qui évoque ‘Cinema Show’, mais ces influences sont très bien intégrées dans un ensemble qui sonne très moderne, mené par une basse très à son affaire (‘Crash’), largement mise en avant par le mix, qui claque, virevolte, slappe, vrombit (et même wahwahte dans ‘Fall’n Fly !). Hamadryad a choisi de clore l’album par une reprise d’ ‘Amora Demonis’ issu de leur premier opus. Si la prise de son a fait un bond en avant, le titre apparaît beaucoup plus lisse et a perdu de sa folie marillionesque, qui rendait de façon beaucoup plus originale.
"The Black Hole" confirme tout l’estime portée à Hamadryad, qui nous livre un bel album plein de contrastes. Seule l’approche légèrement fusionnelle pourra dérouter certains auditeurs, en rendant le propos parfois un peu disparate, mais passée cette première impression, l’opus est plein de surprises intéressantes qui ne pourront que passionner les amateurs de progressif moderne.