A Silent Sound est le nouveau projet d’un multi-instrumentiste hollandais, Tom Luchies. Désirant suivre les dernières volontés de son défunt père, c’est ainsi qu’en 2015 le musicien s’est lancé dans un long voyage à travers l’Asie et l’Océanie. En découvrant des pays comme la Mongolie, la Chine, le Vietnam, la Thaïlande et enfin l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour parachever son périple, le concept derrière le premier album "Compass" était alors tout trouvé.
Ce qui frappe dès la première écoute, c’est la diversité des styles abordés à travers les pistes. Le folk est bel et bien l’ingrédient principal auquel viennent se mêler çà et là quelques soupçons de rock progressif et autres musiques du monde. Le résultat est un premier album d’une heure aux influences très larges qui nécessitera plusieurs écoutes pour être apprivoisé comme il se doit.
Nous retrouvons donc aussi bien des influences orientales (‘City Three’) que des ballades (à l’image des titres acoustiques ‘Home’ et ‘The Road’ aux sonorités rappelant ‘Free Fallin’ de John Mayer), en passant par des titres plus pop (comme ‘Love Song’ ou encore l’accrocheur ‘City Two’ au registre cher aux Lumineers que l’on imaginerait très bien lui aussi dans une publicité télévisuelle).
Dans les temps forts de l’album, on retiendra notamment le titre ‘Setting Foot On The Hills’, certainement le meilleur de l’album grâce à son refrain irréprochable, ‘The Returnee’, avec ses mélodies entêtantes aux parfums de Coldplay à son époque "Parachutes"/"A Rush Of Blood To The Head", ou encore le court intermède instrumental ‘Sunset On An Island’ guidé par une guitare en solitaire développant des enchaînements de mélodies riches évoquant les guitaristes classiques Francisco Tarrega et Agustin Barrios Mangoré.
Il y a néanmoins un reproche important que l’on peut faire à cet opus. "Compass" souffre effectivement d’un manque de cohérence sur un certain nombre de titres. De nombreuses sections s’enchaînent à plusieurs moments de l’album sans pertinence réelle. L’instrumental ‘Lake Okaru’ illustre très bien ce problème avec ses deux sections complètement différentes et pourtant juxtaposées. Son successeur, ‘City One’, est victime de la même tare avec ses deux dernières minutes qui ne lui apportent aucune valeur ajoutée et dont l’ambiance semble déconnectée du cœur du morceau. Enfin, au rayon des déceptions, comment ne pas relever le chant terriblement faux et presque insupportable au début de ‘City Three’ rappelant celui d’un muezzin appelant les fidèles à la prière… en anglais ! La déconvenue est d’autant plus regrettable que le titre est l’un des meilleurs du disque une fois ce détail mis de côté…
"Compass" est donc une ode au voyage et à l’ouverture vers d’autres cultures ayant grandement inspiré l’homme fort de A Silent Sound. Les mélodies sont plutôt inspirées dans l’ensemble et toujours très diversifiées. Tellement diversifiées qu’il est difficile de classifier l’opus dans un registre précis tant les genres qu’il recèle sont variés. A Silent Sound est un groupe intéressant qu’il conviendra de surveiller au cours des années suivantes et qui plaira aux amateurs de folk.