Armed Cloud était passé sous nos radars à l'occasion de son premier album paru en 2015. Ce quintet fait partie de ces très nombreux groupes de metal progressif qui peinent à sortir du lot. "Master Device & Slave Machines" est donc le deuxième album des Bataves qui espèrent se faire une petite place au soleil grâce à une plus grande exposition.
Affichons d'entrée de jeu la couleur, cet album possède certaines qualités qui peuvent déclencher l'enthousiasme. Il ne brille pas par son originalité, n'invente rien, ne propose pas de plans révolutionnaires ou d'envolées techniques ou même d'intenses émotions. Il a même ce son un peu vieillot qui rappelle les années 80 et 90, ce chant plutôt aigu assez classique et qui a parfois tendance à être trop volubile. Et pourtant, on se laisse facilement emporter par le rythme, la tonalité, la spontanéité, dès 'Save Yourself' qui ouvre l'album. Le caractère heavy nous transporte dans cette belle décennie qui a vu naître tant d'albums cultes de metal et de prog. Les riffs sont marqués du sceau de l'ère métallique bénie avec des références aux tout premiers albums de Fates Warning, mais aussi de Threshold.
Mais ce qui séduit c'est précisément ce caractère sans prétention, d'apparence très directe alors même que la subtilité se cache au détour de solos vindicatifs et de claviers sans artifices. Les mélodies sont irrésistibles et le tout est fabuleusement entraînant jusqu'aux moments d'accalmie ou de cassures rythmiques de pur prog qui sont distillés essentiellement dans la deuxième partie de l'album qui voit deux morceaux d'une durée permettant au savoir-faire des Hollandais de se déployer. Que dire de la guitare à la variété impressionnante de Wouter Van Der Veen ou de la basse de Boris Suvee, omniprésente et essentielle au son finalement original pour notre époque.
Il aurait été dommage de passer à côté de cet album qui possède les défauts de ses qualités. Il peut rebuter comme totalement séduire. Personnellement, j'ai choisi mon camp : longue vie à Armed Cloud !