Surreal est le projet fondé par Corey Lennox, multi instrumentiste américain qui a commencé très tôt la musique, le piano classique particulièrement. Pendant ses cours, ce garçon indique sur sa bio avoir en tête plusieurs sortes de musiques, au premier rang desquelles celle de Dream Theater avec son metal progressif... L'idée a donc très tôt germé d'essayer de composer des chansons comprenant des cassures et des changements de rythmes loin des poncifs couplets-refrains.
"The Rush" est le premier effort de Corey basé sur un pari audacieux annoncé préalablement à la création de l'album. Ce pari est celui d'inclure dans l'album des titres représentant chacun un genre différent et qu'il affectionne. Il faut en avoir pour proposer d'emblée un album qui risque d'être carrément fourre-tout et d'apparence brouillonne et incohérente avec douze titres (et donc autant de styles ou genres musicaux). Afin de réussir ce projet surréaliste, encore faut-il que chaque chanson soit exempte de défauts et quasiment irréprochable.
Il faut donc voir cet album comme un exercice de style passant du coq à l'âne. Corey propose à l'auditeur une sorte de catalogue musical qui a l'avantage de la variété. Passée l'introduction acoustique et popisante de 'Day', 'The Whirlwind' arrive avec ses gros sabots et ses huit minutes au compteur, construit sous l'influence Neal Morse des premiers albums, c'est-à-dire un progressif à tendance rock US vitaminé, notamment dans l'intermède musical dont les breaks s'enchaînent de façon un peu abrupte. La balade stylistique continue avec 'Skyla', sorte de mid tempo rock FM très bien composé et interprété, dans laquelle commence à poindre le talent de mélodiste de Corey qui a le mérite de ne pas faire de la surenchère de bons sentiments. C'est simple et efficace.
Dans ce patchwork cousu de notes blanches se retrouvent tour à tour le rock californien ('Rescue Me'), la ballade de rigueur au piano, instrument de prédilection de Corey ('Stay'), le presque metal ('The Unrealized') dont les claviers rappellent ceux de Kevin Moore, introduisant 'Rivers In The Sky' qui emprunte la même voie. Et puis c'est tout, car l'album se termine par deux courts titres sous forme de ballade typiquement américaine, peu originales.
Bien que désirant offrir un éventail assez large de ses possibilités, Corey s'est restreint consciemment ou non aux styles évoqués plus haut. On aurait aimé plus de thèmes plus sombres, plus d'âpreté. L'album se rapproche des premiers travaux en solo de Neal Morse hésitant entre une pop joyeuse et la volonté de proposer des titres plus longs et plus alambiqués. Surreal reste finalement cohérent et réussit à moité son pari. Un album de jeunesse qui espérons-le en appellera d'autres avec plus de vécu.