Quand Thundermother a vu les 4/5ème de son line-up se faire la malle au printemps 2017, nombreux étaient ceux à penser que s’en était fini de la formation menée par Filippa Nässil. Mais la guitariste est solide et elle possède un carnet d’adresses déjà bien rempli. Il ne lui a donc fallu que quelques semaines pour reconstituer un nouveau line-up avec la chanteuse Guernica Mancini, la bassiste Sara Pettersson et la batteuse Emlee Johansson. Après le succès de "Road Fever" (2015) et alors que le désormais quatuor a déjà sorti le single ‘We Fight For Rock’n’Roll’, les Suédoises semblent décidées à en découdre à nouveau avec un nouvel opus éponyme qui pourrait symboliser une nouvelle naissance.
Dès les premiers accords de ‘Revival’, Filippa Nässil et sa bande mettent d’ailleurs les points sur les "i" : oui, elles sont influencées par AC/DC et Airbourne et elles l’assument ! Rappelant le ‘Rivalry’ du dernier opus du gang des frères O’Keeffe, et possédant des guitares typiquement AC/DCiennes, ce titre aurait également pu enfermer la formation scandinave dans l’étroit costume de clone féminin des légendes australiennes. Heureusement, Thundermother sait varier les plaisirs, rappelant en cela les Finlandaises des Barbe-Q-Barbies. Alternant des titres hard-rock énergiques et mélodiques (‘Survival Song’) et des brûlots à l’énergie punk qui ne sont pas sans rappeler Danko Jones (‘Quitter’), le quatuor évite de s’enfermer dans l’ombre trop prégnante des formations dont il s’inspire.
Entre des titres écrasant tout sur leur passage à grands coups de riffs ravageurs (‘Whatever’, ‘The Original Sin’) et de tempi rapides (‘Racing On Mainstreet’, ‘Rip Your Heart Out’), et des hymnes taillés pour la scène (‘We Fight For Rock’n’Roll’ et sa cloche digne de ‘Hells Bells’), les Suédoises sont également capables de lever le pied le temps de plages mélodiques ne tombant jamais dans le lénifiant (la ballade mid-tempo ‘Fire In The Rain’). A ce titre, ‘Follow Your Heart’ se révèle le titre le plus ambitieux de cet album en étirant son mid-tempo sur presque cinq minutes avec une accélération finale qui n’est pas sans rappeler Guns n’Roses. Malheureusement, une baisse d’intensité en fin d’album vient un peu ternir un ensemble qui mériterait cependant un peu plus de cohérence, et des titres tels que ‘Children On The Rampage’ ou ‘Won’t Back Down’ se révèlent dispensables sans être foncièrement mauvais.
En résistant à sa première véritable crise, Thundermother réussit à offrir un opus qui tient la route et offre une belle variété d’intensités. Après le split de Crucified Barbara, une place s’est libérée et l’opportunité de s’installer parmi les leaders du hard rock scandinave tend les bras à Filippa Nässil et à sa bande. Avec un album plus condensé, les Suédoises auraient probablement réussi leur coup. Avec l’énergie et les qualités démontrées, il y a peu de doute qu’elles ne réussissent la prochaine fois.