En 2017, Cotton Belly's avait offert un instant d'intimité avec son "Live Session Volume 1", laissant le fan pénétrer dans le saint des saints du groupe. L'objectif est double : présenter une carte de visite au chaland et restituer l'esprit de la scène pour les oreilles du fan aguerri. Comme le titre du volume précédent le suggère, un second volume voit le jour.
Ce qui frappe d'entrée, c'est la spontanéité. L'auditeur a à peine lancé la lecture que le groupe repart en un clin d'œil comme si le précédent album n'avait pas été une conclusion. Un début in medias res qui nous conduit en terrain familier : Cotton Belly's est une formation généreuse qui offre un blues acoustique étincelant, avec une voix chaleureuse qui nous ferait oublier rapidement l'origine française des protagonistes. Le sommet de l'album est sans nul doute la version acoustique du 'Georgia' de Ray Charles. La sérénade originale est certes réduite à son plus simple appareil (voix et guitare acoustique rejointes par la guitare et la batterie) mais l'émotion se fraie un chemin directement vers le cœur. Le groupe conclut même avec un négro-spiritual, 'Rainy Road (Work Song)', qui restitue une époque et un lieu (les chants des esclaves noirs en Louisiane) avec autant de truculence que de sérieux : des sons de pluie et de pierres ont été enregistrés mais la performance n'est en aucun cas parodique.
Belle surprise, le medley 'This Day/Mambo' qui associe deux morceaux studio aux thèmes très proches (un pianiste amérindien emprisonné par erreur) nous fait voyager (voire voler) à travers des contrées désertiques et chatoyantes pour un peu plus de quatorze minutes. La mayonnaise prend, nous faisant passer subitement dans un folk progressif de bon aloi. La démarche du groupe d'explorer de nouveaux horizons prend ici tout son sens et nous permet de mieux en mesurer l'originalité. L'apport du bouzouki permet d'adoucir la chaleur d'un morceau dominé par ses guitares tranchantes et une voix implacable.
Il est tout de même possible de regretter la décision absurde de sortir un live en deux coups : même rassemblés, les deux volumes ont une durée suffisante pour ne former qu'un seul écrin. Mais ne boudons pas notre plaisir, nos Français ont bien réussi à s'approprier des sonorités américaines avec brio sans être qualifiés de copieurs. Les frissons sont au rendez-vous, Cotton Belly's nous invite toujours à voyager dans la meilleure des agences blues. Procurez-vous les deux volumes sans plus tarder : de nouveaux colons viennent fouler cette terre sacrée.