Tout droit venu de Troyes (dans l’Aube), voici Insolvency qui contrairement à ce que son nom indique s’est donné les moyens de nous proposer le meilleur premier album possible après un EP éponyme sorti en 2015. En effet, pour l’occasion, le quatuor s’est adjoint les services de Daniel McBride (Betraying The Martyrs, Asking Alexandria, Born Of Osiris, Veil Of Maya) pour l’artwork, Igo Omodei d’Uneven Structure qui a dirigé la vidéo du single ‘Death Wish’ et enfin, Jim Pinder et Carl Bown (Bullet for My Valentine, As I Lay Dying, Trivium, Machine Head...) en charge du mixage et du mastering… Rien que ça ! Une réunion de talents alléchante qui, sur le papier, ne peut que déboucher sur un produit exempt de tout reproche pour conquérir l’univers surpeuplé de la scène metalcore.
Et ce ne sont pas les premières notes de la première tempête, ‘Tears of the World’ - faisant suite à une petite intro aux allures symphoniques -, qui contredira notre introduction. Insolvency nous balance un metalcore surpuissant qui devrait ravir les amateurs du genre et pourrait réconcilier ceux qui auraient pris leur distance avec le style. En effet, bien que le groupe se réclame de la scène metalcore originelle et de groupes comme Trivium, Bullet for my Valentine… il évite le poncif propre au genre qui veut que les titres s’enchaînent, les albums se succèdent sans finalement apporter une once de variété. A cet égard, les Troyens se démarquent en intégrant diverses influences d’autres styles métalliques permettant aux compos de se renouveler. Toujours au rayon "points forts" et dans un souci de diversifier son propos, le partage du chant alterné entre Pierre Challouet et Valentin Gondouin apporte une vraie valeur ajoutée aux morceaux.
Toutes ces qualités réunies permettent à des titres comme ‘Tears of the World’ ou encore le très réussi final ‘Death Wish’ à l’intro aux accents Texturiens de véritablement sortir du lot et laissent envisager un album de premier plan. Malheureusement, tous les autres titres ne boxent pas dans la même catégorie, même si certains riffs dévastateurs (‘Black Moon’), certains breaks ravageurs (‘Antagonism of the Soul’), certains accents heavy (‘This War Is Not for You’) et l’interlude Evergreyien (‘Hope’) au milieu de ce déferlement de notes rageuses permettent de maintenir l’attention de l’auditeur (ce qui n’est pas toujours le cas dans le genre).
Au final, bien qu’agréables à l’écoute immédiate, toutes les qualités évoquées ne parviennent pas totalement à rendre "Antagonism of the Soul" indispensable. Ce qui n’empêche pas de dire que si ce n’est pas avec ce premier effort qu’Insolvency révolutionnera un genre à bout de souffle, il laisse à penser qu’il pourrait en être tout autrement par la suite si le groupe persévère dans cette direction.