Hypnose est le projet solo de Patrick Dal-pra, ex batteur de Coda, groupe de rock de Montargis. Présenté comme un album de post-rock, "Hypnose" (l'album) dépeint un monde hypnotisé par "des émissions aseptisées qui réfrènent nos émotions" et s'inspire d'influences telles que Oceanizer, Porcupine Tree, King Crimson ou Pink Floyd.
Et en effet, dès les premières mesures de 'Métamorphose', le titre inaugural, une ambiance indus comme la bande originale d'un polar s'installe. La montée en puissance est lente et progressive, rythmée par une batterie efficace donnant du relief à la pièce. Ce sont ensuite des sonorités de guitare à l'influence stoner qui émaillent la seconde partie renforçant le côté sombre du titre.
Calqué sur des structures similaires, 'Hypnose' (le morceau) fait place à une mélodie obsédante dans une veine typiquement post rock avec de nombreuses évolutions entêtantes confinant sur le final à l'acharnement. L'ambiance est sombre et cette noirceur teintée de mélancolie, si elle n'incite pas à la joie de vivre, plonge l'auditeur dans un flot d'émotions enveloppant.
Plus musclés, l'electro-rock à la Daft Punk 'Syndrome' ou 'Acidose' apportent une dimension metal industriel à l'album et montrent l'ambition de l'artiste décidément capable de nous surprendre avec des gimmicks intelligents comme la partie narrative de 'Spectre', elle aussi très prenante avec un riff brut, une batterie très présente et efficace et un final apocalyptique.
Les titres sont longs (entre 5 et 10 minutes), Dal-pra prenant le temps d'installer des ambiances élaborées dont les développements recèlent de nombreuses variations toujours enchainées avec une grande fluidité. Le jeu de batterie est remarquable, rappelant à qui s'en soucie que Patrick Dal-pra est avant tout un batteur. Mais ce one man project le voit s'occuper de l'ensemble des instruments avec plus (guitares, basse) ou moins (nappes de claviers souvent répétitives) de réussite. Ainsi, les planants 'Osmose' et 'Hallucinose' alternent passages atmosphériques et guitares aériennes.
Un mot sur la production qui n'est malheureusement pas à la hauteur, inégale et parfois brouillonne, ne permettant de profiter pleinement des nombreux arrangements que lors des écoutes au casque plus immersives. Malgré ce défaut que l'artiste pourra corriger à l'avenir, "Hypnose" plonge l'auditeur en plein cœur d'une aventure musicale troublante et diablement introspective. "Hypnose" est à conseiller aux amateurs de post rock, d'ambiances mélancoliques, sombres voire industrielles. Quant à Patrick Dal-pra, il conviendra de suivre de près ses futures réalisations avec Hypnose ou avec d'autres projets plus rock en cours.