Si l’on devait dresser la liste des guitaristes les plus complets, le nom de Greg Koch apparaîtrait en bonne place. Le label Mascot Records a eu la bonne idée de publier son seizième album, ce qui lui confère une visibilité à la hauteur de son talent. Mais Greg n’est pas venu seul car derrière ce nom de groupe se cachent deux Koch, le père et son fils batteur Dylan et Toby Lee Marshall claviériste amoureux du Hammond B3.
Ceux qui connaissent les travaux de Greg Koch ne seront pas surpris d’apprendre que le trio qui se rassemble autour de lui œuvre dans la catégorie blues. Huit instrumentaux s’aventurant souvent vers d'autres sentiers que le blues (rock, jazz, funk, country, soul) sont au programme de ce "Toby Arrives" qui se déguste d’une traite. Le trio maîtrise son sujet et façonne un blues humble et mélodieux fidèle à ce qui le rend si populaire et immédiat. Greg Koch en premier lieu, incarnation de la classe avec son jeu au doigt et son toucher fragile et pourvoyeur d’émotions (‘Sin Repent Repeat’), le fils Dylan, discret mais efficace, qui impulse la cadence dans une grande variété de tempi, enfin Toby Lee Marshall qui amène la chaleur du Hammond aussi bien en appui des riffs de Koch que dans les joutes de chorus que se livrent les deux solistes.
"Toby Arrives" fête le blues sous toutes ses formes, ce qui le rend abordable et jamais ennuyeux bien que les titres soient relativement longs. Cabochard, funky et jouant sur les contretemps dans des shuffles plein d’entrain avec ‘Funk Meat’ ou ‘Let's Get Sinister’, tranquille et suave comme un soir d’été en Louisiane dans ‘Toby Arrives’ ou plus soul et groovy avec ‘Heed The Boogaloo’ qui rend hommage à la grande tradition de métissage dont le blues a toujours été le vecteur, le trio se laisse guider par sa vitalité créatrice et aborde aussi bien le jazz-rock dans le bien nommé ‘Mysterioso’ aux richesses harmoniques originales que le boogie plus traditionnel mais survolté que l’on peut entendre dans ‘Boogie Yourself Drade’.
"Toby Arrives" est un disque attachant qui plonge ses racines dans le blues et éclot dans une importante variété stylistique. C’est aussi un disque traversé par un vent de liberté grâce aux larges plages d’improvisation qui viennent compléter les parties plus écrites. Encore une fois Greg Koch aura fait parler son élégance de musicien et son talent de compositeur.