Cela faisait trois ans que nous attendions des nouvelles de la voix de Keane. Suite au break de la légende de la pop britannique, Tom Chaplin devait se lancer dans son premier album solo. Depuis 2011, le chanteur semblait en avoir terminé avec ses problèmes d’addiction et sa vie privée ressemblait à un havre de paix. Mais c’était compter sans le syndrome de la page blanche qui l’a obligé à repousser son projet à plus tard, le temps de recharger ses batteries personnelles et familiales. L’inspiration étant de retour et avec l’aide de compositeurs tels que Paul Barry (Lionel Richie, Tina Turner, Rod Stewart, etc…), Mark Taylor (Lady Gaga, Cher, Kylie Minogue, etc…) ou Matt Hales de Aqualung qui s’occupe également de la production, le frontman offre enfin ce "The Wave" inspiré par les épreuves qu’il a traversées et présenté comme une rédemption.
Les intentions ne peuvent laisser insensible, surtout si l’on est amateur de la voix si particulière de Tom Chaplin, capable de toucher l’auditeur au plus profond de son âme. A l’écoute des 11 titres composant "The Wave", la déception ne sera pas de mise tant l’artiste se met à nu. L’ambiance générale se fait éthérée, n’hésitant pas à multiplier les passages a cappella ou simplement accompagnés d’un piano ou de nappes de synthétiseur. Cette approche cristalline peut se révéler à double tranchant et ne laisse aucune place à la moindre erreur ou faiblesse. Et de ces dernières il n’y aura point ici. Les titres les plus mélancoliques, majoritaires, ébranleront les cœurs les plus endurcis tant ils font preuve de profondeur et de sincérité. L’émotion est à fleur de peau et se fait rêveuse (‘Still Waiting’), fantomatique (‘Hardened Heart’) ou déchirante (‘Worthless Words’).
Mais n’allez pas imaginer que "The Wave" est un album dépressif car il contient également ses envolées d’optimisme et d’espoir, alternant parfois des couplets aériens et les remous d’un refrain hyper catchy (‘The River’) ou développant une montée crescendo vers une énergie lumineuse et dévastatrice à l’aide synthés joyeux et d’un saxophone ensoleillé (‘I Remember You’). La ballade ‘Bring The Rain’ se fait envoûtante avec ses couplets montant vers l’explosion majestueuse d’un refrain symbolisant la renaissance. ‘Hold On To Our Love’ est à la fois délicat et optimiste alors que ‘Quicksand’ est dédié à la fille de l’artiste, qui lui distille ses conseils et lui déclare son amour sans borne. S’appuyant toujours sur une instrumentation vaporeuse, le titre éponyme donne encore l’occasion à la voix de Tom Chaplin de nous toucher en plein cœur avec l’aide de chœurs offrant un relief supplémentaire.
Si l’utilisation presque systématique de la technique de la montée en intensité pourra donner à certains la sensation de redite, le résultat final n’en reste pas moins une œuvre personnelle et pudique faisant preuve d’une sensibilité à l’émotion aussi profonde qu’hypnotique. En réglant ses comptes avec les démons qui l’ont torturé pendant plusieurs années, Tom Chaplin partage une thérapie bienfaitrice démontrant au passage un talent rare pour traduire émois, désarrois et exaltations.