Dans 'Halo', Porcupine Tree affirmait que : "Dieu est liberté, Dieu est vérité, Dieu est pouvoir, Dieu est preuve, Dieu est mode, Dieu est renom (...) Dieu est sur le téléphone, Dieu est sur le net, Dieu est dans la sommation, Dieu est dans la menace". Mais la bande à Wilson avait oublié à l'époque que Dieu est aussi dans l'espace. Les Irlandais de God Is An Astronaut viennent nous le rappeler avec leur nouvelle offrande sous forme d'"Epitath", hommage au Roi Cramoisi ?
Le groupe s'inscrit dans un post rock moderne dans la lignée des plus grands comme Sigur Ros ou Mono. Ce genre, exempt de chant, est assez peu fédérateur en raison du minimalisme architectural qui prévaut. Sur une base mélodique répétitive viennent se greffer diverses couches qui lui apportent une certaine densité pour permettre à la musique de respirer. Le post rock est l'un des genres qui appelle sans doute le plus à l'introspection, au repli sur soi et presque à la méditation, à l'image du titre éponyme. Le morceau commence, comme de coutume, avec une loop mélodique épurée pour ensuite évoluer lentement vers des sons plus sombres et oppressants, comme pour mettre l'auditeur face à ses démons, avant de devenir légèrement lumineux vers la fin, présageant une sorte de rédemption morale.
Écouter ce genre d'album réclame une attention toute particulière et un effort de concentration, comme un parcours initiatique ou une séance de psychanalyse, un peu comme si le groupe jouait à Freud ou Eugen Bleuler, nous proposant un test de Rorschach musical. "Epitath" est un peu un miroir des sentiments d'autant qu'aucune parole n'accompagne les auditeurs, accentuant ainsi cette liberté interprétative.
'Mortal Coil' avec son rythme plus enjoué pourra être ressenti plus positivement avec notamment ses notes de piano apportant une relative légèreté soulignée par la guitare anathémienne de Torsten. Le moment phare de l'album est sans doute le titre bicéphale 'Winter Dusk / Awakening' avec sa première partie très simple et fondamentalement mélancolique comme le froid hivernal, une douceur que ne renierait pas Sigur Ros avec son évolution vers un réveil soft apocalyptique. L'autre sommet vient tout de suite après avec le torturé 'Seance Room' qui après une introduction ultra mélodique pour du post rock prend un virage plus torturé et lourd mettant l'auditeur face à ses tourments. Le sentiment de perdition arrivera à son apogée avec le titre conclusif 'Medea' enfonçant le clou dans cette ambiance crépusculaire.
Malgré l'aspect très répétitif qui ressort de ce genre d'album et cette impression qu'il ne se passe pas grand-chose, God Is An Astronaut confirme qu'il est l'un des fers de lance d'un style musical très particulier, tellement personnel en terme d'émotions pourvu que l'auditeur y accorde un peu de son temps, ce qui est à contre courant de l'industrie musicale actuelle. Il manque peut-être un peu de chant pour éviter la lassitude qui pourrait gagner l'auditeur avec cet album très bien composé et interprété. Au moins, son écoute coûte moins cher qu'une séance chez le psychiatre, ne vous en privez pas, il pourrait être même plus efficace.