Mind's Eye est un trio suédois dans lequel on retrouve le batteur suédois le plus utilisé du moment Daniel Flores (Xsavior, Hubi Meisel, Tears of Anger). Il officie ici également aux claviers et est accompagné par le chanteur Andreas Novak et le guitariste-bassiste Johann Niemann (Therion). Concept-album totalisant 12 titres pour 75 minutes de musique, "Walking on H2O" est leur cinquième opus et le premier que j'ai l'occasion d'écouter.
Musicalement, la démarche de Mind's Eye est à rapprocher d'un Enchant par exemple en un peu moins technique et un peu plus FM. On y retrouve notamment le même souci de proposer des compositions extrêmement accessibles sans pour autant occulter l'aspect progressif qui tient une place prépondérante dans cet album.
L'osmose entre les styles est ici quasiment parfaite et donne le plus souvent lieu à des compositions brillantes à l'image des quatres premiers vrais morceaux (le premier titre est l'introduction du concept) extrêmement mélodiques et accrocheurs mais dont la structure très riche ne s'apprécie qu'au fil des écoutes. La comparaison avec Xsavior s'impose aussi en particulier au niveau du soin apporté aux harmonies vocales ("Ms ClairVoyance").
Avec cet album, Mind's Eye a voulu donner une coloration symphonique à sa musique et l'intégration est quasi-parfaite malgré une (courte) intro un peu pompeuse. Dans la première partie du disque, les orchestrations sont relativement discrètes et apportent néanmoins un plus certain aux compositions comme sur l'excellent et orientalisant "Sahara in the hourglass". C'est sur les superbes trois derniers morceaux qu'elles prennent toute leur ampleur. La seule ballade de l'album, "When I whisper", est particulièrement réussie et me fait penser à du très bon Shadow Gallery. Elle s'avère beaucoup plus riche qu'un simple interlude entre les deux superbes épiques "Heal my Karma" et "Poseïdon Says" tous deux dignes des plus grands groupes prog actuels.
Il est dommage que la dimension conceptuelle semble aussi peu exploitée musicalement (sauf sur la fin). On peut également reprocher à ce "Walking..." le trop AOR "Out of my system" et le daté "Umbrellas under the sun" qui semblent un peu déplacés. Pourtant, l'album semble ne jamais pâtir de sa longueur excepté lors des premières écoutes qui peuvent sembler un peu monotones.
Ce "Walking..." très riche dans ces influences (AOR, metal-prog, néo-prog) demande forcément du temps pour être pleinement apprécié mais une chose est sûre, avec cet album, Mind's Eye devient indubitablement un groupe à suivre attentivement et même à posséder.