Avec quatre albums parus en quatre ans, Fractal Mirror tient une cadence des plus respectables. Certes, les statistiques sont un peu faussées si l'on tient compte du fait que leurs deux premiers albums sont sortis à six mois d'intervalle la même année en 2014. Néanmoins, le groupe revient avec régularité se rappeler à notre bon souvenir les années paires et présente en ce début 2018 son nouveau rejeton intitulé "Close to Vapour".
Pour l'occasion, le trio se retrouve duo. Un emploi du temps trop chargé n'a pas permis à Ed van Haagen, bassiste et claviériste du groupe, de prendre part à la réalisation de ce disque dans lequel il ne fait que de courtes apparitions. Pour le remplacer, c'est Brett Kull (Echolyn), fidèle du groupe depuis l'origine, qui joue les invités de luxe.
Depuis ses débuts, Fractal Mirror s'illustre par une musique constituée d'un curieux amalgame fait de pop, de rock progressif et de rock alternatif. Si "Close to Vapour" ne déroge pas à la règle, le dosage des ingrédients est légèrement différent de celui des opus précédents. En effet, la pop qui servait plutôt de vernis à "Garden of Ghosts" ou "Slow Burn 1" devient l'un des ingrédients principaux de "Close to Vapour". Pour preuve les cinq premiers titres aux mélodies aussi simples que limpides, évitant tout break aventureux, tout changement de thème soudain, toute complexité rythmique. Ce qui est loin d'être un reproche car il est très difficile de faire des chansons pop capables d'éviter la banalité et la mièvrerie. Fractal Mirror réussit parfaitement à éviter ces écueils, nous livrant des titres à la fois chantants, joyeux ou mélancoliques, raffinés, simples et lumineux sans être faciles. Pas de solo d'instruments, mais des arpèges, des riffs, des contrepoints qui donnent profondeur et intérêt à chaque morceau. On pense tantôt aux Beatles ('Mind the Gap'), tantôt à Tears for Fears ('White Sounds'). De la pop comme seuls les Anglais savent en faire… même si les musiciens de Fractal Mirror sont Hollandais.
Le ton de l'album change légèrement à partir du titre éponyme. Si la seconde moitié renoue avec une pop séduisante le temps de 'Snow' et de l'excellent 'Hey You' qui donne envie de se remuer, 'Close to Vapour', 'Tabula Rasa' et 'The Ever Rain' montrent quelques velléités plus progressives même si les mélodies restent aisément accessibles et surtout délicieusement agréables. Mais ces trois compositions laissent quelques espaces permettant aux instruments de se défouler, comme ce Mellotron flûté et ces passages d'orgue et de guitare genesiens sur 'Close to Vapour' par exemple, alors que les nappes ouateuses de claviers sur 'The Ever Rain' évoquent plutôt Pink Floyd.
Ces titres viendront distraire ceux qui auraient pu trouver que l'album tournait en rond par trop de simplicité, sans pour autant agacer ceux qui s'étaient laissé séduire par une première partie certes pop mais très élégante. En conservant un juste équilibre entre progressif accessible à la façon des derniers Steven Wilson et pop-rock inventif à la Beatles, Fractal Mirror nous offre aujourd'hui son meilleur disque.