Après Robin Beck et son "Love Is Coming", c'est au tour d'une autre rockeuse des années 80, Lee Aaron, de se rappeler à notre bon souvenir. La Canadienne n'a pas qu'enflammé nos platines avec le fameux "Metal Queen" en 1984 mais aussi notre entrejambe grâce à son physique de panthère qu'elle affichait sur ses pochettes ("Call Of The Wild", "Body Rock") et les posters tapissant alors nos chambres d'adolescents chauds comme la braise.
Et si depuis un "Emotional Rain" (1996) tiédasse, elle a rentré ses griffes, la belle continue sa carrière entre layettes et concerts quand bien même ses créations se font de plus en plus rares et éloignées du style qui a fait son succès, témoin le jazzy "Slick Chick". Toutefois, le fait qu'elle soit déjà de retour après un "Fire And Gasoline" (2016) plus rock suggère que Lee Aaron n'est pas encore prête pour la maison de retraite.
Alors que le succès rencontré par son onzième album aurait pu l'inciter à creuser ce même sillon métallique, la rouquine trouve avec le bien nommé "Diamond Baby Blues" l'occasion de plonger dans ses racines et de se faire plaisir en revisitant, entre une poignée de titres personnels, quelques classiques du genre. S'il en résulte un agrégat un peu facile quoique homogène de titres inédits et de reprises, reconnaissons que ce registre bluesy sied admirablement à la voix chaude et un peu rocailleuse de l'ex metal queen.
La voir se frotter à l'énorme 'Mistreated' de Deep Purple offre une jouissance peu commune. Certes les musiciens qui l'accompagnent ne se hissent pas au niveau de Ritchie Blackmore et sa bande mais sa performance volcanique n'a pas à rougir de la comparaison avec celle de David Coverdale. A elle seule, cette cover justifie l'écoute de "Diamond Baby Blues" qui en comprend six autres. Parmi celles-ci, citons le 'I Am Woman' de Koko Taylor, que l'on ne présente plus et dont elle offre une relecture rampante, 'Black Cat' de Janet Jackson que colorent des cuivres discrets sans oublier ce 'Hard Road' emprunté à Stevie Wright.
'You're No Good' (Dee Dee Warwick) et 'My Babe' complètent cette brochette de standards à l'ombre desquels cinq chansons originales s'épanouissent entre puissance ('American High') et délicatesse à l'image du romantique 'The Best Thing', le tout enrobé d'un cuir épais ('Miss Mercy') et fardé d'arrangements chaleureux ('In The Bedroom').
Avec "Diamond Baby Blues", Lee Aaron livre son album le plus enthousiasmant depuis "Some Girls Do It" en 1991 !