On ne pensait pas retrouver Stone Temple Pilots de sitôt après que la formation californienne ait eu à affronter le pire avec la perte de ses deux derniers chanteurs, Scott Weiland en 2015 et Chester Bennington en 2017. Après dix-huit mois de recherche intense, les frères DeLeo ont trouvé le successeur de ces deux fortes personnalités artistiques en la personne de Jeff Gutt, plus connu pour sa participation au télé-crochet The X-Factor que pour sa contribution au groupe Dry Cells. Huit ans après un sixième album éponyme, Stone Temple Pilots revient avec un autre album éponyme à l'imagerie symbolisant le renouveau et la renaissance.
Stone Temple Pilots aurait pu ne pas se relever mais dès la première écoute (et les suivantes n'en seront que des confirmations), le constat est sans appel sur la volonté du groupe de montrer que l'envie de jouer sa musique prime sur le tragique. Comme pour crier cette rage d'être encore debout, "Stone Temple Pilots" débute sur les chapeaux de roue avec trois morceaux radicalement rock calibrés pour faire mouche immédiatement. Les automatismes n'ont pas disparu et Stone Temple Pilots déroule ce qu'il sait faire de mieux en alternant les morceaux directs et puissants qui font résonner les accents grunge du groupe comme 'Roll Me Under', les formats rock aux sonorités bluesy, notamment dans 'Never Enough' ou 'Good Shoes', et les mid-tempi acoustiques tout en sensibilité avec 'Thought She'd Be Mine', la mielleuse 'The Art Of Letting Go' ou 'Reds & Blues' au duel de guitares final à ne pas manquer.
La vraie inconnue concerne bien évidemment le chant et sur ce point également, ce septième album rassure totalement. La présence de Gutt au micro relève de l'évidence tant celui-ci s'est intégré parfaitement au reste du collectif - peut-être trop sans doute tant ses prestations rappellent celles de Weiland. La difficulté de la tâche de succéder à une telle signature vocale semble avoir bridé Gutt, et on ne peut le blâmer pour cela, l'empêchant de révéler pleinement toutes ses potentialités en termes d'originalité et de caractère. Quand celui-ci s'émancipe de l'aura de son glorieux aîné, ses interventions sont très convaincantes et peuvent laisser optimiste pour l'avenir du groupe s'il s'écrit en présence de Gutt.
La grande force de "Stone Temple Pilots" est sa cohérence et on peut tout au plus regretter la présence de deux ou trois titres au-dessus du lot destinés à être des hymnes du groupe. Mais après le bouleversement qu'a connu la formation ces trois dernières années, il est presque naturel que les Californiens veuillent se rassurer en privilégiant le classicisme au détriment de l'audace. Cela n'entrave en rien le plaisir que procure ce "Stone Temple Pilots" solide de bout en bout.