Venant tout droit des Hauts de France, Holispark, après un EP plutôt réussi, revient avec son premier album "Sonic Bloom". Ce n'est ni une découverte ni une révélation, mais cette magnifique région possède un beau vivier de groupes énergiques qui ne demandent qu'à être reconnus au-delà de leur région d'origine - chose déjà en partie acquise pour le quintet lillois, leur précédente tournée ayant connu un bel accueil du nord au sud.
L'artwork plutôt sombre de l'album contraste avec la pochette plutôt colorée et lumineuse du premier essai ("Harvest" 2016). Cette opposition va même jusqu'à la météo, puisque l'EP était sorti en pleine période de canicule tandis que l'album voit sa sortie pluvieuse. Est-ce la volonté affichée du groupe de proposer sur le fond quelque chose de plus noir que pouvaient l'être les six précédents titres, si noir que même les Dieux s'en mêlent ?
De prime abord la réponse à cette question semble être positive car 'Emotionally' prend le temps de se construire avec une énergie plutôt sur la retenue jouant sur les changements de rythme en ralentissant des couplets que le refrain viendra dynamiser. Cette atmosphère se retrouve sur la majorité des titres dont il se dégage un petit côté désillusionné ('Failed Escape') qui distingue "Sonic Bloom" du style maintes fois entendu dans ce genre d'album. Il émane de ce début d’opus une sorte de mélancolie énergique accentuée par une guitare lourde, saturée ('Target'), et la frappe sèche et cinglante de la batterie qui constitue le véritable cœur de l'album tant le travail effectué est impressionnant de précision à l'image des travaux de Biffy Clyro.
Cette impression ne dure qu'un temps puisque la lumière laisse poindre le bout de son nez ('Sunset' et 'Trapped') avec une musique plus rapide et plus légère, presque tachycardique ('Hope'). D’où le constat que plus l'album avance, plus les titres se font éclatants et puissants comme une sortie de l'hiver du début pour arriver au printemps, à l'image de la voix de Manon qui éclot et se libère complètement, s'inspirant notamment de Gwen Stefani. Son timbre est très naturel et maîtrisé - ce qui est rare à ce niveau -, là où tant d'autres auraient lâché les chevaux de façon sauvage et inaudible.
La production est très équilibrée, peut-être un peu trop, laissant la machine à riffs s'exprimer, qu'une batterie déjà citée invective sèchement. Les titres sont d'ailleurs très courts en tournant autour des trois minutes chrono : l'auditeur pourrait être frustré de l'absence de développement musical, mais l'exécution rentre dans le cahier des charges du genre, restant concise et dynamique.
Holispark frappe donc fort avec ce nouvel album qui met un bon coup de pied dans la fourmilière du rock indé hexagonal en apportant à son style énergique une pointe de mélancolie qui donne une dimension et une densité toutes particulières et singulières à "Sonic Bloom".