Projet en gestation depuis 2010 avec un premier titre sorti en 2013, ‘Give Up The Ghost’, c'est finalement sept ans plus tard que la collaboration entre Mélusine Fradet (chant) et Guillaume Bernard (guitariste de Klone) éclot. Le fruit de cette intimité artistique porte le nom de Cloud Cuckoo Land qui est une expression pour signifier un idéalisme excessivement optimiste aussi bien qu’un lieu imaginaire entre ciel et terre.
"Somewhere In Between" met en musique un concept aux multiples niveaux de lecture : la frontière, l’entre-deux, la limite. L’angle emprunté par Guillaume et Mélusine semble être cet espace sensoriel magique et fascinant entre le rêve et l’éveil, l’imaginaire et la réalité, l’obscur et le clair, parfaitement exprimé par une écriture pleine de délicatesse et de sensibilité. Cloud Cuckoo Land invite à une ascension en altitude dans les hautes couches atmosphériques là où la voix céleste de Mélusine peut résonner sans obstacle et où les accords de Guillaume trouvent leur écho le plus profond. "Somewhere In Between" promet un voyage onirique et réconfortant dont la destination est en quelque sorte le meilleur des mondes possibles selon Pangloss.
On connaissait le goût de Guillaume au sein de Klone à composer des thèmes mélodiques subtils et élégants et à poser des textures enveloppantes avec une économie de moyens (‘Small Steps’ par exemple aurait pu apparaître sur "Here Comes The Sun"). La vraie découverte c'est Mélusine Fradet, dont la présence et le charisme vocal s’inscrivent dans la lignée initiée par Kate Bush. Dixième fille de Zeus et Mnémosyne, Mélusine envoûte et rayonne à chacune de ses prestations. La nature généreuse lui a offert le souffle divin qui trouve dans l’écrin offert par Guillaume toute liberté pour exprimer l’amplitude de ses chants élégiaques. Elle transcende et illumine les architectures épurées (ascensionnelle dans ‘Back To The Wall’, cyclique avec ‘Under The Skin’) et les douces tonalités jouées par Guillaume (folk avec ‘Hope Is Gone’, sombres dans ‘Molpee's Song’ et ‘Down Of Time’, cristallines pour ‘The Key To Feelin’, planantes pour ‘Behind The Old Master’) faites d’arpèges simples et d’ambiances éthérées, en apportant richesse et complexité dans ses modulations harmoniques, intonations et interprétations émotionnelles.
A l’écoute de ce "Somewhere In Between" original et en tout point admirable, il ressort une alchimie entre le musicien et sa muse, de l’ordre de l’évidence. L’immersion dans ce premier disque est immédiate et l’univers singulier qu’il façonne emporte pleinement l’auditeur dans une succession de moments de douceur aux mélodies apaisantes.