Avec son premier album, Charlie Barnes avait laissé un souvenir assez marquant dans nos mémoires pour susciter l'envie d'entendre la suite de son parcours. Il lui aura fallu trois ans pour donner une suite à "More Stately Mansions" avec un nouvel album intitulé "Oceanography" dans lequel l'ensemble du groupe l'accompagnant est reconduit.
La question à laquelle le prochain album de l'Anglais devait répondre selon nous concerne sa position par rapport aux influences. Allait-il s'émanciper des héritages un peu trop présents dans "More Stately Mansions" ? La réponse est positive car il a troqué ses références mancuniennes, Oceansize en premier lieu, pour une inspiration pop beaucoup plus diffuse dont l’expérience en tant que musicien de concert du groupe anglais à succès Bastille n’est certainement pas étrangère. Et de cette semence, il n'en tire pas l'énergie et la créativité mais plutôt la pesanteur. En effet, le démarrage de "Oceanography" est placé sous le signe de la pop symphonique ('Intro', 'Oceanography', le début guimauve de 'Ruins') ou electro, plombée par une mélancolie facile et agaçante par les intonations parfois singées sur le chanteur de Muse Matthew Bellamy.
On tendra l’oreille le temps de quelques soubresauts avec le riff électrique de ‘Ruins’ qui réveille le titre d'un sommeil profond, 'One Word Answers' et son pont légèrement ascensionnel ou 'Legacy' qui varie un peu les tonalités mais qui manque d'audace et d'énergie au moment d'attaquer le final. Ces titres s'extirpent d'autant mieux qu'ils surnagent au milieu de compositions mélodiquement naïves et sans relief qui, sans être mauvaises en soi, n'apportent aucune plus-value ou surprise comme en témoigne la pop légère et rythmée de ‘Bruising’ et ses "Oh Oh Oh", 'The Departure', 'Maria' et 'All I Have' ou le piano-voix final sans aspérité 'The Weather'. C'est regrettable de la part d'un artiste ayant montré quelques signes encourageants dans son premier album et se réclamant de groupes dont la créativité est d'un tout autre registre.
Notre enthousiasme à l'époque de "More Stately Mansions" aura été un emballement malheureusement refroidi par ce second disque qui en reste trop souvent à de banales compositions pop sans jamais prendre de hauteur ni d'initiative créative. Par rapport à son aîné, "Oceanography" ne tient que rarement ses promesses et demeure un disque ordinaire et difficilement différentiable dans une offre pléthorique d'une même saveur.