Avec "Kentucky", son cinquième album sorti en 2016, Black Stone Cherry semblait avoir enfin trouvé son équilibre entre des racines prégnantes, un format commercialement accrocheur et une véritable personnalité. Après un EP 6 titres de reprises de standards du blues semblant vouloir valider les fondations de cette identité assumée ("Back To Blues" – 2017), le quatuor est de retour avec un nouveau pavé de 13 titres à nouveau enregistrés aux studios Barrick Recordings de Glasgow, Kentucky. Pour la première fois, le groupe s’autoproduit, avec Chris Robertson aux manettes, et le titre "Family Tree" semble vouloir confirmer la fierté que le groupe retire de son nouvel équilibre artistique.
Pour définir la musique de Black Stone Cherry, le mieux est d’en détailler la recette unique et originale. Sans renier ses premiers albums sans lesquels il n’aurait probablement pas pu atteindre ce degré de maturité, la quatuor propose désormais un subtil équilibre entre des racines blues-rock accordant les légendes du genre et ce qu’un Led Zeppelin a pu offrir sur une grande partie de sa carrière, un format et des refrains accrocheurs permettant de taquiner le succès commercial, une atmosphère sudiste digne des meilleurs Lynyrd Skynyrd, un gros son flirtant avec le hard-rock, et une image globale faisant du groupe un leader du mouvement revival à l’identité désormais unique. Tous ces éléments se retrouvant sur la quasi-totalité des titres, il est difficile de mettre un morceau en avant pour argumenter chaque point.
Pourtant, chaque pièce de cet album conséquent possède suffisamment de personnalité pour pouvoir être identifiée rapidement. ‘Bad Habit’ déboule sur une batterie épileptique et dégaine un surprenant pont heavy le temps de son solo. ‘New Kinda Feelin’ ’ profite d’un piano bastringue pour renforcer une ambiance virile de bar enfumé. ‘My Last Breathe’ représente le seul titre dédié à la douceur, déroulant son mid-tempo à la puissance émotionnelle profonde renforcée par des chœurs gospel. ‘Southern Fried Friday Night’ est un hymne sudiste en puissance avec son riff martelé et sa talk-box. Warren Haynes vient partager le chant sur un ‘Dancin’ In The Rain’ puissant et offrant une orgie guitaristique sur son final. Plus surprenant et hyper accrocheur, ‘James Brown’ confirme que Black Stone Cherry sait ce que le mot groove veut dire. Sur ‘You Got The Blues’, le fils de Chris Robertson, âgé de 5 ans, participe aux chœurs de cette rencontre entre Lynyrd Skynyrd et Jimi Hendrix aussi improbable qu’imparable. Enfin, le titre éponyme est peut-être le plus symbolique de ce blues-hard-rock protéiforme et multigénérationnel offert par le quatuor.
Bien qu’encore un peu long, "Family Tree" n’en est pas moins la confirmation du statut de leader du genre de Black Stone Cherry. Portée par une interprétation sans faille dont il impossible de ne pas citer le chant chaud et profond d’un Chris Robertson au sommet de son art, la musique du groupe prend désormais toute son envergure. Et le pire, c’est que la marge de progression semble encore vaste, avec peut-être la perspective d’intégrer un clavier à plein temps au sein du line-up actuel, l’apport de cet instrument étant particulièrement enthousiasmant sur ce nouvel opus. Vivement la suite !