Les Diables de la Garrigue, curieux nom en forme de programme pour un collectif occitan qui aime se déguiser sur scène en démons. Les origines de ce petit monde remontent à la maison-mère, Goulamas'k. 2018 semble être l'année infernale idéale pour que les Enfers s'ouvrent et livrent la place à un premier album.
Dès l'ouverture, l'auditeur n'a aucune idée de la sauce à laquelle il sera mangé : intro pesante, rythmiques hip-hop ou electro, instruments bretonnisants (en vérité des grallas et des sacs de gemecs, typiques de l'Occitanie) et guitares énergiques ouvrent les portes de ce laboratoire d'apprenti-sorcier. Les influences sont riches et de tous horizons : metal, rock, folk, hip-hop, electro, musiques ethniques... à tel point que le groupe semble farouchement réfractaire à toute étiquette. Des avalanches de lave de 'Nenette' aux machines industrielles de 'Encara Mai' en passant par les volutes arabisantes qui laissent vite place à une énergie dub sur 'Inana', l'auditeur accomplit un voyage au long cours. A l'exception de quelques chœurs sur 'Le Breton' et des vocoders, l'album est un quasi instrumental.
Le groupe peut s’enorgueillir de compter dans ses effectifs Lucifer en personne à la guitare. C'est bien celle-ci qui ordonne et tranche dans le lard, réalisant des soli de haute voltige ('Le Breton' avec l'aide de la wah-wah ou plus saturés comme sur 'Inana', 'Bestial' qui porte bien son nom) ou apportant un peu de fraîcheur acoustique ('Poesia', l'introduction de 'Bastos'). On pourra toutefois reprocher à l'ensemble de s'essouffler petit à petit, la faute en est à la longueur, Les Diables de la Garrigue auraient dû limiter leur générosité. 'Gatar' malgré son solo stratosphérique de guitare n'est qu'une variation du premier titre.
En 2018, un groupe d'irréductibles Occitans résiste encore et toujours à l'envahisseur en proposant un album à 99% instrumental. Le pari, qui semblait perdu d'avance, est relevé malgré ses longueurs et un manque d'homogénéité, mais l'auditeur aurait mérité quelques instants de grâce au milieu des bulldozers.