ARTISTE:

FREQUENCY DRIFT

(ALLEMAGNE)
TITRE:

LETTERS TO MARO

(2018)
LABEL:

GENTLE ART OF MUSIC

GENRE:

ROCK PROGRESSIF

TAGS:
Chant féminin, Planant
"Un album qui privilégie la forme par rapport au fond ne peut être qu’un produit extrêmement périssable, aussi joliment présenté soit-il…"
ABADDON (10.04.2018)  
2/5
(3) Avis des lecteurs (0) commentaire(s)

En exergue du site du groupe allemand Frequency Drift trône fièrement l’inscription "cinematic music". Le chroniqueur méticuleux se tourne alors vers M. Harrap’s, référence en la matière, pour en trouver la traduction : "musique cinématique" (il aurait pu s’en douter). Un questionnement vient alors impérativement lui chatouiller la curiosité, qu’il a sensible : qu’entend-on exactement par "musique cinématique" ? Demandant un complément d’information cette fois à M. Larousse, il apprend que l’adjectif cinématique se rapporte au mouvement ou à la vitesse, et en déduit que la musique de Frequency Drift cherche à illustrer ce qui est en mouvement.

Soit. La sortie du huitième album du combo, "Letters to Maro" vient à point pour fournir une démonstration du savoir-faire des Allemands en la matière. Hormis le remplacement de la chanteuse, la formation est restée stable, avec le duo Andreas Hack et Nerissa Schwarz aux commandes. Concernant le ton général de l’album, nous sommes très, très éloignés de ce que l’appellation "musique cinématique" pouvait laisser entrevoir : les rythmes sont généralement lents ('Izanami'), voire très lents ('Sleep paralysis', bien nommé), et les instrumentations visent à la fois un dépouillement propre au genre atmosphérique et une recherche des sons très soignée. Car il faut reconnaître un mérite à ce "Letters to Maro", celui de montrer un travail très abouti dans la recherche des textures et des ambiances. En cela, la musique de Frequency Drift peut être qualifiée de "cinématographique", terme qui a depuis quelques années émergé à la place d' "atmosphérique" (comme si la musique devait obligatoirement suggérer des images, là où elle peut plus largement évoquer des impressions, des atmosphères). Le groupe confirme en effet avec force une tendance apparue dans le précédent "Last", où l’orientation mélodique qui prévalait auparavant s’était effacée pour faire place à un ton atmosphérique plus maigre musicalement.

C’est bien là que le bât blesse : la musique atmosphérique, qui vise à tisser des ambiances avec une grande économie de moyens, a souvent été critiquée pour reposer sur peu de fond mélodique, et c’est ici l’ornière dans laquelle est tombé le combo allemand. Il y a une grande indigence musicale dans cet album, qui vise à faire illusion avec une production extrêmement étudiée, s’appuyant sur le charmant filet de voix d’Irini Alexia, qui, avec un timbre très proche de celui de Mélanie Mau (la précédente vocaliste du groupe), essaie d’insuffler un peu de fantaisie dans son chant, au prix de quelques tics vocaux ('Dear Maro') qui sont plus le lot d’une certaine variété que du goût des progueux, ou même au prix d’un surjeu ('Who’s Master') pas forcément réussi. Vers la fin, le minimalisme finit par crisper, tombant dans l’affectation : en définitive le propos finit par paraître très cérébral et très peu émotionnel à force d’artificialité ('Underground', 'Nine'). Le dernier titre est assez représentatif, sorte de Vangelis moderne présentant le même ascétisme dans les lignes musicales, avec beaucoup de soin dans la production pour "enrichir" la forme.

La recherche de mouvement de Frequency Drift aura donc fait long feu : en oubliant de creuser la veine mélodique qui avait fait merveille dans "Over", à force de composer plus du son que de la musique, le groupe ne donne que des morceaux sans grande consistance - mais qui sonnent très agréablement - et les instrumentaux apparaissent bien ténus ; celui de 'Sleep Paralysis' est une escroquerie musicale de très peu de notes, qui joue sur les ambiances sans réellement en installer une car le propos tourne trop en rond pour captiver.

Après la désillusion de "Last", "Letters to Maro" enfonce le clou. Un album qui privilégie la forme par rapport au fond ne peut être qu’un produit extrêmement périssable, aussi joliment présenté soit-il…


Plus d'information sur http://www.frequencydrift.com/





LISTE DES PISTES:
01. Dear Maro
02. Underground
03. Electricity
04. Neon
05. Deprivation
06. Izanami
07. Nine
08. Escalator
09. Sleep Paralysis
10. Who’s Master
11. Ghosts When It Rains

FORMATION:
Andreas Hack: Guitares / Claviers
Irini Alexia: Chant
Marco Geipel: Basse
Michael Bauer: Guitares
Nerissa Schwarz: Harpe, Mellotron
Wolfgang Ostermann: Batterie
   
(3) AVIS DES LECTEURS    
ASCLEPIOS
01/11/2021
16
  0 0  
5/5
En réalité, de mon point de vue et contrairement à certaines autres critiques lues sur ce site, un très haut potentiel de séduction pour ce 8ème album de FREQUENCY DRIFT (en 10 ans, soit une prolixité assez conséquente, et toujours de qualité).
Un album que je place en haut du panier de leurs productions, à l'égal d'un "Laid to Rest", et bien supérieur selon moi au précédent (moins subtil et qui lorgnait vers des sonorités un peu trop heavy à mon goût). Ici, la forme a en effet quelque peu évolué, moins progressif avec moins d'envolées instrumentales, plus atmosphérique et gagnant en intensité dramatique, aidée en cela par le chant expressif sublime de la nouvelle chanteuse Irini Alexia, mezzo-soprano et chanteuse classique de formation, dont le timbre est très proche de celui de Mélanie Mau, ce qui permet d'assurer une continuité dans le discographie, et ne pas dérouter les afficionados de ce groupe allemand particulier dont le chant féminin est une composante absolument essentielle.
Un album donc très climatique de 11 titres, dans une ambiance nippone (selon la pochette) assez mélancolique il faut le dire, mais aussi très mélodique, même si ces mélodies ne sont pas immédiatement accrocheuses, ce qui fait qu'il demande plusieurs écoutes pour s'en imprégner et qu'il se bonifie grandement au fil de ces écoutes.
Sur le plan musical, les arrangements sont superbes, assez symphoniques, avec beaucoup de piano, cordes (violoncelle infiniment triste, violon), flute, sans se départir d'une constante modernité au travers de sonorités électroniques diverses accrocheuses et de percussions subtiles. Cet album dans son ensemble, (arrangements à la fois classiques et modernes, chant féminin expressif sublime, aspect atmosphérique) m'a rappelé l'excellent Aradia (2009), de Sophya BACCINI (cette superbe chanteuse, issue du groupe italien de heavy prog Presence).
FREQUENCY DRIFT poursuit donc brillamment son bonhomme de chemin pour notre plus grand plaisir...

LOLO_THE_BEST59
27/04/2018
829
  0 0  
2/5
Un album porté par la voix superbe de Mme Alexia et ... c'est à peu près tout. Je ne suis jamais rentré dans ces compositions peu inspirées . Dommage.
CORTO1809
10/04/2018
  0 0  
4/5
Certains groupes évoluent, d’autres pas. Frequency Drift fait partie de la première catégorie. "Letters to Maro" ne joue pas dans la même catégorie stylistique que "Over". Les deux albums sont fondamentalement différents, le côté progressif et les nombreuses digressions instrumentales du premier ayant disparu sur le second. "Letters to Maro" n'est pas un album de rock progressif mais une collection de chansons destinées à mettre en valeur la voix de la chanteuse, les instruments ne servant qu'à l'accompagner au mieux. Une chanteuse dont le timbre s’avère d’ailleurs fort agréable et qui, sans surjouer, est capable de mettre un grain de folie dans son interprétation (l’excellent ‘Who’s Master’).
"Letters to Maro" est un album de rock mélancolique aussi réussi dans son genre que "Over" l’était dans le sien. En fait, tout dépend de ce à quoi vous vous attendez : si vous espérez un nouvel album de progressif teinté de world, vous ne pourrez qu'être déçu comme l’auteur de la chronique. Mais si vous acceptez que le groupe ait évolué vers un format plus simple, vous serez probablement séduit comme je l’ai été.

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LECTEURS:
4/5 (5 avis)
STAFF:
2.8/5 (4 avis)
MA NOTE :
 
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