Des Wolfpack, on en connait un certain nombre, du teuton, du finlandais, du british, œuvrant dans le gothic metal, le thrash ou le death, mais celui qui nous intéresse présentement est français, de Paname pour être précis. Les gaillards braconnent sur les terres d'un hardcore convulsif dont le manche tendu est profondément planté dans le metal le plus sale et bilieux aux confins d'un sludge ferrugineux.
Enervés, ils accouchent avec "Loathe" d'une progéniture aussi agressive qu'incontrôlable que l'on se prend en pleine face comme un violent uppercut. Vomi par des musiciens à l'unisson d'une brutalité épidermique, c'est un missile qui décrasse les orifices en les dilatant comme des cratères béants et ensanglantés. Il remue les tripes jusqu'à la nausée, viol auditif dont on sort exsangue et sali dans les plus petits recoins de notre âme. Encadré par une intro ('Cursed') et un instrumental éponyme, entre lesquels se glisse une (très) courte pause médiane, l'opus dure moins d'une demi-heure mais il n'en faut pas davantage à ses géniteurs pour racler les chairs à vif, dressant une hampe explosive que gonfle une intensité vindicative.
Grenade qui arrache tout sur son passage en moins de trois minutes, 'Oblomov' résume d'emblée ce propos, à la fois puissant et colérique, secoué par un chant qui dégueule et perforé par un break bitumeux aux relents d'une gangrène urbaine. 'Pessimist' est pétri dans la même pâte d'un beatdown hardcore lourd et fielleux. Pour autant, le groupe a le bon goût d'injecter à son matériau une dose de death metal ('Viper Choirs' taillé pour les moshpits) voire de l'aérer par une voix claire salvatrice, celle de Cédric Toufouti (Hangman's Chair) le temps d'un 'Hover Above Me' dont les atours atmosphériques surprennent agréablement. Les dernières mesures de 'Delusion', au son de 'La Bohème' de Charles Aznavour, se révèlent tout aussi étonnantes, tout comme ce 'Doomed', emporté par des rouleaux de batterie qui se fracassent contre les murs rongés par une lèpre sombre.
Ce faisant, Wolfpack affine sans toutefois la lisser son identité qu'il affranchit des règles et des codes, pour livrer avec "Loathe" un effort personnel dont la densité sévère renferme maintes nuances dans la brutalité.