Vous ne connaissez probablement pas Peo Pettersson, Peter Andersson et Roger Ljunggren. Rassurez-vous, voilà qui est bien compréhensible puisque la dernière fois que ces Messieurs se sont réunis date de 1987 sous le nom d’Escape et qu’ils n’avaient sorti sous cette bannière que des démos. PAL les voit se regrouper à nouveau. Votre esprit aiguisé aura noté qu’il s’agit ici de l’anagramme des premières lettres de leurs noms de famille. L’album s’appelle "Prime", patronyme gage d’un redémarrage à zéro.
Voici donc venu un nouveau représentant de la patrie Suédoise, voilà donc que flotte au vent un nouvel étendard du rock mélodique. Il ne reste plus qu’à préciser de quels habits de lumière le combo se vêt. Sont-ce les effets denim and leather des hardos, les défroques propres sur elles des militants de l’AOR ou bien les accoutrements des adeptes du glam ? Eh bien PAL n’étant pas loin de "pâle", voilà qui tombe bien, ne soyons guère surpris que les Suédois ne nous explosent guère les tympans avec ce "Prime".
Les petits nouveaux la jouent donc hard rock pâlichon même si occasionnellement ils sortent leur artillerie lourde, qui - n’en soyez pas offusqués chantres de l’AOR - ne froisserait pas les ailes d’un moineau pris dans leur ligne de mire. Ainsi, ils soignent de cette ferme intention leur entrée en matière, histoire d’attirer le chaland peu regardant, et leur final, afin de ne pas voir se détourner d’eux le client peu exigeant. 'Heads Of Tails' et 'Carry On' ferraillent gentiment au début de l’opus. Le hard est mélo, le sourcil se fait circonflexe, signe de l’intérêt naissant de l’auditeur.
Puis la machine AOR se met en branle. Les synthés aseptisent l’atmosphère, les guitares perdent de leur tranchant, les mélodies prennent un goût de bonbon à la fraise. Stan Bush fait des incursions dans les parages et la voix du frontman n’y est pas pour rien. Six titres défilent, et le sceau sur leur enveloppe se fait tenace. Alors, bien entendu, la ballade obligatoire ici incluse fait office de service compris sur la note à payer. Dans le lot, 'Nowhere Left To Go' est plutôt réussie et Mister Bush peut crier au scandale.
Les antépénultième et avant-dernière pistes retrouvent la verve des deux premières et on s’aperçoit avec étonnement qu’on en arrive à taper du pied. 'Older An Wiser' et 'Leaving This Town' sont faites d’un bois qui en envoie mesurément, leurs mélodies crépitent agréablement et rappellent à nouveau fortement une de nos connaissances. Le père Stan vient de s’étrangler d’offuscation. Et ce n’est pas la seconde ballade qui clôt l’œuvre qui va lui permettre de reprendre son souffle.
Voilà donc un opus bipolaire. Ses humeurs interpellant le plus l'auditoire n’étant pas à ranger au rayon des incontournables, gageons que le mélomane qui se risquerait à parcourir le sujet ne saurait être qu’un féroce adepte du hard rock mélodique aseptisé.