En ces temps de morosité et d'inquiétude (mais en a-t-il été un jour autrement depuis que le monde est monde), tomber sur un album dont le titre est "Optimistic State of Mind" ne peut que sembler de bon augure. Les auteurs de cette profession de foi revigorante sont un quarteron de musiciens originaires de Bewdley, Angleterre (merci Google Maps !) dont la tasse de thé (Angleterre oblige) semble être un AOR de bonne famille.
Dès le premier titre, Tokyo Storm annonce en effet la couleur : difficile de ne pas songer à Asia ou Foreigner en écoutant cette mélodie enlevée et plaisante, qui va à l'essentiel avec son format couplet/refrain aisément mémorisable régulièrement entrecoupé de courts solos de guitare. Classique et certes peu original, mais efficace.
Une efficacité que l'on retrouve tout au long de l'album qui va alterner titres enlevés et douces ballades d'une manière très mathématique, les titres impairs servant à vous faire bouger en rythme tête, mains et pieds tandis que les titres pairs vous donneront l'envie de vous serrer un peu plus fort contre l'être aimé. Avec un sens de la mélodie qu'on a envie de fredonner qui ne se dément pas, même si certains morceaux sortent du lot. Au titre des ballades, 'Is This Love' s'avère particulièrement accrocheur, à la façon des chansons du même genre des premiers albums d'Asia et 'Stormy Night' a un côté désenchanté fort agréable. Et pour les titres punchy, outre 'Optimistic State of Mind' qui introduit parfaitement l'album, 'Kill The Machines', plus hargneux, lorgne vers un hard rock trépidant avec sa rythmique ressemblant à un cheval au galop et vous aurez certainement du mal à maîtriser vos pieds sur 'Fire in your Eyes'.
Seule véritable surprise, 'Signals' qui clôt l'album est un long instrumental tirant sur le post rock par son caractère hypnotique et sa progression en douceur par superposition de strates sur la même trame mélodique. Bien fait, le morceau tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, sans grand rapport avec ce qui l'a précédé.
Il est également dommage que Tokyo Storm n'utilise les chœurs qu'avec parcimonie alors que l'ouverture de l'album avec des harmonies à la CSNY laissait espérer le meilleur. Malheureusement, cette heureuse expérience reste isolée, les chœurs se contentant le plus souvent de doubler discrètement le chant sur les refrains. Enfin, si chaque titre bénéficie d'au moins un solo de guitare, les claviers bien trop timides ne viennent jamais donner la réplique aux cordes pincées.
Mais il s'agit plus là d'axes d'amélioration que de véritables défauts car les mélodies toutes plus agréables les unes que les autres, les nombreux solos de guitare qui émaillent l'album et un chant puissant sans être démonstratif, rappelant parfois le regretté John Wetton en légèrement plus aigu et convenant parfaitement à ce style de musique, emportent l'adhésion de l'auditeur. Si vous entrez dans le jeu du groupe et n'êtes pas à la recherche d'une quelconque originalité, vous passerez un excellent moment.