Depuis 2014, Riot, combo survivant de la
fin des années 70 s'appelle désormais Riot V. L'opus d'alors, "Unleash The Fire", avait glané quelques brassées de compliments.
Leur heavy metal, parfois hard rock et ponctuellement FM, avait
recueilli moult suffrages positifs. En ce printemps 2018, Riot V nous
propose son seizième album. "Armor Of Light" est son nom.
On prend les mêmes ici, le line-up de
2014 reste inchangé, et recommence-t-on ? En tous cas le
phoque-mascotte du combo est toujours présent sur la pochette. Il
affiche une posture guerrière, la hache à la main, nous rappelant aux bons souvenirs dans son attitude des artworks belliqueux de la
grande époque de Manowar. Est-ce à dire que les gaillards ont l'intention de muscler leur jeu ?
La réponse ne se fait pas attendre.
Dès le premier titre, un 'Victory' exsudant fortement le 'Trooper' de la
Vierge de Fer, les riffs puissants fracassent le silence et la double
pédale martèle l'espace sonore. Il en est ainsi des sept premiers
morceaux. Riot V y manie marteau et enclume et broie l'auditeur qui a
eu l’outrecuidance de se risquer entre les deux. Le soin porté aux
mélodies est quant à lui resté au fond de la forge, oublié tel un
rebut inutile, il attend sagement que les bodybuildés du manche et
des baguettes à l’œuvre se souviennent de son existence. Le metal
se fait souvent speed, on s'ennuie au milieu de cette fureur
totalement dénuée d'originalité et les notes élevées du hurleur
de service font nos tympans grincer. Bref, c'est qui m'aime me suive et tant pis pour les âmes sensibles, elles n'ont qu'à s'abstenir.
Et puis la civilisation sonore fait son
apparition, tels les feux solaires après le déluge universel. Si
vous avez survécu à ce dernier sur votre arche, vous pourrez
goûter aux quatre titres suivants qui arborent des teintes presque
mélodieuses. 'Set The World Alight' cavalcade sympathiquement en mode
hard rock classique et affiche d'agréables passages guitaristiques, 'San Antonio' revient aux accélérations passées mais dispose d'un
refrain pouvant tenir la route. 'Caught In The Witches Eyes', plus
lourdingue, peut convaincre. 'Ready To Shine' avec ses guitares presque irlandaises frôle le FM et nous permet de respirer quelques goulées
d'air salvatrices. Mais à peine le souffle retrouvé, vous serez
asphyxiés par 'Raining Fire', dernier mouvement qui aurait mérité de
figurer parmi ses sept petits camarades précités, soit au rayon
bourrinage et hurlements.
Riot V a donc décidé d'en découdre
avec ce nouvel opus. Que ceux qui se pâmaient devant les classiques
albums que sont "Rock City", "Narita" et "Fire Down Under", musclés mais
emplis de mélodies avenantes, ne s'attendent pas à interpréter les
nouveaux titres de ce "Armor Of Light" sous la douche. Quant à ceux
qui se sont délectés aux sons des opus mainstream que furent "Restless Breed" et "Born In America", vous pouvez échapper au pire en
laissant de côté cette nouvelle offrande du groupe. Vos tympans
vous en sauront gré.