Bienvenue dans le pays de cocagne de "(F)unfair" ! Bienvenue dans sa maison hantée, sa parade des affreux, sales et méchants où vous virevolterez sur des chevaux mécaniques sur les sonorités âpres d'un metal pluridisciplinaire ! Salut à toi nouveau fils de la déesse Décibel et du dieu Vélocité, salut à tes géniteurs issus de AkromA ou Elvaron et auxquels nous souhaitons tout le bonheur du monde !
Mais point besoin de longue démonstration rébarbative, car de manière naturelle mais tout aussi surnaturelle, la formation a trouvé comme un équilibre, une cohérence la promouvant immédiatement au rang de maître du riff acéré et des percussions pachydermiques ('Insanity'). Quand bien même il y a du Korn ici, un peu de Linkin Park par là, quelques touches de bon vieux heavy ou des notes plus modernes dignes d'Evenline ou de Metallica, la formation a sa propre identité. Ainsi la batterie vivace percute de plein fouet alors que la guitare chante un riff mélodique et que la voix éraillée propose des mélodies simples et facilement mémorisables. Dès ses premiers instants, la musique navigue entre épaisseur, mélancolie suave et précision quasi obsessionnelle (mais peut-on attendre autre chose de membres de AkromA ou Elvaron ?)
'White Words' semble prendre un chemin plus contemporain alors que la piste précédente était ancrée dans un heavy "classique". Les climats s’enchaînent entre guitare claire et saturée au possible, le chant est plus âpre, le rythme plus pesant, comme une injection de metalcore moderne dans un paysage de foire et de monstres.
Les titres plombés s'enchaînent avec application, avec leurs lots de mélodies mémorisables ('String On Your Arms') ou d'interventions solitaires grandioses habillées d'une robe de wahwah hendrixienne ('The Juggler') ou bien des tirs percutants, directs et précis ('All You Can See', 'Forune Teller'). Néanmoins le combo sait proposer des instants plus aériens dans lesquels seuls subsistent la mélodie et le goût des musiciens pour ériger des hymnes intemporels.
'The Slideshow Attraction' invite à découvrir un groupe variant les ambiances ou les contrastes. Ces instants émouvants se poursuivent de manière plus intimiste sur 'Take Me' : guitare acoustique douce, chaleureuse et éthérée, chant profond et émotionnel. Ce titre met en place une montée en puissance douce et graduelle, comme finalement la montée au sommet d'un grand huit, nous projetant alors vers des sentiments mêlés de peur, de plénitude, de joie avec une certaine jouissance... musicale.
Tout ce que vous retiendrez de cette multitude d'effets, de ces séances d’effrois, de ces néons éblouissants et de cette foire picaresque sera le désir de musiciens guidés par une passion commune, par une envie partagée de proposer une musique qui fait battre leurs cœurs. "(F)unfair" est une bonne surprise pleine de mélodies, de variations, de colère, un opus maîtrisé de bout en bout dont les pièces ciselées avec minutie s’emboîtent à la perfection.