Mine de rien, Born From Lie poursuit son petit bonhomme de chemin en sortant un nouvel album tous les deux ans. Après un "The Promised Land" (2016) qui avait séduit les amateurs de hard rock, arrive dans nos platines "The New World Order (part.1)" dont le titre évoque d'emblée un concept dont cet album serait le premier épisode. Cette sortie coïncide également avec une stabilité enfin trouvée par le combo puisque se retrouvent les membres déjà présents sur le précédent opus. Nous avions d'ailleurs été témoins de leur performance et de leur cohésion il y a un peu plus d'un mois lors d'un live parisien, accompagné de Molybaron, où deux titres de "New World Order (part.1)" avaient été interprétés en avant-première.
Le groupe se sent concerné par un monde en mouvement, conscient que nous vivons dans une société troublée dont il illustre les tourments avec force et intelligence dans sa musique. Ayant pour base les conflits qui se déroulent au Moyen Orient, l'exode des migrants quittant leurs pays abîmés par des crises et l'oppression, mais aussi la lutte de ceux qui sont restés se battre pour la liberté, le style hard rock permet aux Franciliens de transmettre toutes les émotions qui peuvent être ressenties par ces hommes et ces femmes au cours de ce parcours et de cette lutte. L'espoir de trouver une vie meilleure qui porte ces migrants est mis en valeur par la power ballade introductive 'An Endless Journey' dans laquelle une sorte d'apaisement semble se dégager après qu'ils aient subi les pires épreuves. La guitare soliste tenue par Nicolas transpire cette perspective d'être arrivé au bout de ce parcours, accentuée par la chaleur vocale de Jérôme.
Et pourtant, de nombreuses souffrances auront jalonné ce long périple pour une vie meilleure qui peut-être ne s'offrira jamais à eux. Ainsi chaque titre représente les étapes qui auront conduit à cette recherche d'un nouveau monde telle l'angoisse de vivre dans des contrées où la haine gangrène la civilisation, illustrée par 'The Path Of Hate' aux notes orientales que n'auraient pas reniées Myrath et déjà présentes dans le précédent opus, mais aussi l'asservissement avec un style plus rugueux presque metal qui émane de 'The Cell'. Plus l'album avance, plus la noirceur monte crescendo avec des riffs plus agressifs dans la veine heavy metal à la Iron Maiden qui pourront être repris en chœur par le public en live, une rythmique plus martiale ('The Split') et un chant devenant plus dur avec notamment la voix claire doublée parfois par le grunt ('With Their Lies') pas suffisamment présent hélas mais qui accentue l'angoisse.
Le groupe apporte sa patte avec des ajouts singuliers tels que les cuivres présents dans la ballade 'Insomnia' dont l'intervention est aussi incongrue que surprenante. Il lorgne aussi vers le progressif avec son titre de dix minutes 'New World Order', comme la Vierge de Fer a pu le faire dans l'album "A Matter Of Life Of Death", en enchevêtrant une structure ascendante avec son heavy metal. Musicalement Born From Lie construit habilement ses compositions avec des riffs efficaces et des soli qui mettent l'auditeur en transe tellement ils sont bien pensés et exécutés. La seule modération à apporter se situe au niveau des lignes de chant manquant un peu de conviction et de coffre qui émoussent la grande ambition affichée par le groupe.
Born From Lie est peut être né du mensonge mais sa musique est vraie, authentique. Elle témoigne de la conscience que le groupe peut avoir du monde qui l'entoure. Sans être donneur de leçons tout en étant conceptuel, "New World Order (Part.1)" est fait avec intelligence et constitue un premier épisode dont l'auditeur attendra la suite avec impatience.