En 2009 les Suédois de Grand Design avaient déclenché une polémique avec la
sortie de leur premier album dénommé "Time Elevation". Une polémique
on ne peut plus classique : celle qui consiste à débattre sur les
similitudes artistiques vécues comme des copies par les uns et comme
des influences marquées par les autres. Clonage ou hommage - ici à sa majesté Def Leppard - telle est l’éternelle question.
La
sortie, deux ans plus tard, d’"Idolizer" et en 2014 de "Thrill Of The
Night" n’avaient pas amené les foules guerroyeuses à ranger leurs lames contondantes dans leurs fourreaux. Aujourd’hui ces peuples
vont pouvoir se réveiller au son du quatrième opus de nos plus tout
jeunes compères. "Viva La Paradise" est son nom et il est loin d’être
acquis qu’en l’Eden en question les opposants suscités se
réconcilient autour d’une cervoise.
En effet, les Suédois n'ont pas changé d'inspiration. Ce "Viva La Paradise" rappelle à notre bon souvenir le gang de Sheffield. Cependant,
contrairement aux trois albums précédents, et notamment à "Idolizer" grâce auquel on pouvait se lancer dans un ludique blind test de
chaque titre pour deviner à quel morceau des Léopards Sourds il
faisait penser, le quatrième album de Grand Design ne fait penser à
Def Leppard... que par moments. Par contre, et quelque chroniqueur
avisé l'avait déjà fait remarquer dans des écrits passés, les Suédois sonnent catégoriquement comme les Ecossais d'Heavy Pettin',
éphémère groupe prometteur de la NWOBHM.
La voix de
Pelle Saether y est pour beaucoup, mais pas que. Les mélodies,
envoyées comme les hits pleuvant sur MTV dans les 80's, rappellent
celles qui avaient scotché les chevelus spandexés de cette grande
époque à l'écoute de "Lettin' Loose" le premier opus des gamins de Glasgow. Ici
il n'est question que de fun, de filles et de rock'n roll. Ça fait
taper du pied, ça fait secouer la crinière ou ce qu'il en reste, ça
met de la joie au cœur, bref c'est du nanan pour l'humeur.
Aucun des dix
titres, tous construits en version expurgée de remplissage dans leur
format ramassé de quatre minutes, ne tempère l'effervescence,
chacun d'entre eux va à l'essentiel, vers la substantifique moelle
du plaisir auditif. Tout au plus peut-on, si besoin était, évoquer
comme impacts prépondérants l'esprit arena rock de 'Face It', le
démarrage digne d'une BO de James Bond de 'It's Only Straight From The Heart',
le galvanisant titre éponyme, l'addictif 'Aim 4 The Heart' (trente
écoutes au compteur), le glamisant 'Too Late To Fall In Love' qui
suinte Mötley Crue (étonnant non ?!), la sensationnelle ouverture
d''I Would Be The Wind'... au risque de citer tous les titres, il
convient de s'arrêter là.
Nostalgiques
des 80's, fondus de Def Leppard, hardos avec du vague à l'âme,
adeptes du headbanging, frénétiques du tapement du pied, cette
galette est faite pour vous. Quant à ceux qui avaient apprécié
dans leur jeunesse les gamins d'Heavy Pettin', passer à côté
de cette cure de jouvence serait un crime de lèse-majesté, une offense aux plaisirs synesthésiques. Les contrées du froid ont encore frappé, les temps glaciaires sont à n'en pas douter tombés sur le monde.