Le nu-metal n’est pas mort. N’en déplaise à ceux qui voulurent enterrer définitivement le style avec le cercueil de Chester Bennigton. Il faut dire que le genre souffre d’un déficit d’image depuis sa création au milieu des années quatre-vingt-dix. Quand certains lui reprochaient d’avoir supplanté le grunge et de n’être qu’un phénomène commercial, d’autres ne lui pardonnaient pas de s’acoquiner avec le rap. Mais l’histoire de la musique rock est faite de cycles. Les kids des 90’s sont bientôt des quadras et comme tous les quadras, ils ont la nostalgie de leur adolescence. Si bien que Limp Bizkit, Deftones, Stone Sour ou encore les Français de Pleymo sont au programme du Hellfest 2018.
En France, Unswabbed fait figure de vétéran du neo-metal. Après plus de vingt ans d’existence, le groupe français n’a pas découvert le style avant-hier. Pourtant les Lillois s’étaient faits discrets depuis une dizaine d’années et, mis à part un EP ("Tales Of Nightmare") en 2015 et un album acoustique en forme de best-of ("Intact") en 2011, le dernier véritable album metal du combo ("In Situ") avait paru en 2007. C’est donc gonflé à bloc et avec une furieuse envie d’en découdre qu’Unswabbed refait enfin surface avec "De L’Ombre A La Lumière".
Musicalement, il n’y a aucune tromperie sur la marchandise. Tous les ingrédients du metal alternatif en général et du nu-metal en particulier sont concentrés dans les onze titres qui composent l’album. Rythmique réglée au cordeau, basse dynamique et incisive, riffs lourds et tranchants, refrains accrocheurs, compositions efficaces et dénuées de solos de guitare, nous sommes bien dans l’univers du néo-metal tendance Korn et consorts (‘Dans Le Chaos’, ‘L’étincelle’). Et Unswabbed n’a pas l’intention de prendre de risques. Mises à part quelques rares concessions faites au punk (‘L’équilibre’) et au metal indus (‘Sans Lendemain’), le groupe ne s’aventure pas au-delà des frontières de son style de prédilection, quitte à produire parfois des titres convenus (‘Que Le Malheur Gagne’) et à être inévitablement redondant (les refrains de ‘De L’Ombre A La Lumière’ et de ‘Le Poids Des Larmes’).
Cependant, à l’instar de leurs cousins d’Aqme, la vraie plus-value des Lillois reste le chant en français et des textes travaillés pour coller au plus près des riffs. Même si certains d’entre eux cèdent parfois un peu à la facilité (‘Sans Lendemain’), le grand mérite du groupe est de ne jamais tricher et d’être toujours sincère dans ses propos. Engagés sans être véritablement politiques, les textes ont pour point commun de refuser la résignation face à la morosité de notre époque et sont pour la plupart plus optimistes que ne le laisserait penser l’agressivité de certains titres (‘De L’Ombre A La Lumière’, ‘Si’, ‘A L’envers’).
En dépit d’un style ultra balisé dont ses détracteurs diront qu’il est usé jusqu’à la corde, "De L’Ombre A La Lumière" est un album bien produit, moderne et surtout sincère et attachant. Il a donc tous les atouts pour plaire aux défenseurs d’un metal catchy et dopé aux hormones de jouvence et bien sûr aux quadras nostalgiques d’un temps où ils rêvaient de briser les murs de leurs chambres d’ados.