Nous
avions attendu six ans entre "Sanctuary" et "Legacy", les deux derniers -
et forts prisés - opus de Praying Mantis. La Mante Religieuse, qui
sort des albums depuis 37 ans (!), nous a fait patienter deux
fois moins de temps pour nous proposer son nouvel effort intitulé "Gravity".
Le
line-up n'a pas évolué depuis "Legacy", John Cuijpers le frontman est
toujours là, ce qui n'est pas loin du miracle puisque c'est le
onzième chanteur du combo qui en est aujourd'hui à son... onzième
album ! Les frères Troy, les créateurs du groupe, ont cette fois-ci
daigné conserver leur partenaire de jeu et ont également pactisé
une fois de plus avec Rodney Matthews pour la pochette de ce "Gravity".
Alors, ces similitudes vont-elles suffire à faire de cet album une
production aussi remarquable que celle de 2015 ? Autant ne pas y
aller par quatre chemins, la réponse est malheureusement non.
Praying
Mantis a traditionnellement toujours versé du metal dans son hard
rock mélodique ou, selon les résistances auditives de chacun, du
hard rock mélodique dans son FM. Ici, l'ex-méchante bébête a pris
un coup de mou (un coup de vieux ?) et opte pour un mélange FM/AOR
tourné fermement vers les 80's. D'aucuns avanceraient que ce choix
pourrait s'avérer attrayant...
... Et
c'est le cas pour cinq des onze titres proposés sur cette galette.
Les fort mélodieux 'Time Can Heal', '39 years', 'Gravity', 'Destiny In
Motion' et le mid-tempo 'Ghost Of The Past' sont ceux-là. Quant aux six
autres morceaux, c'est là où les choses prennent une
tournure un peu moins gouleyante. Pour commencer, l'entrée en
matière est abrupte, puis catastrophique. En effet, il est difficile de reconnaître la bande aux Troy sur 'Keep It Alive' tant le titre, bien
qu'il soit entraînant - ah, les guitares à la Thin Lizzy ! -
est plus rêche que ce à quoi nous a habitué le groupe. Il
débouche sur un 'Mantis Anthem' qu'on aurait pu attendre comme un
hymne à la bestiole, mais pourrait en fait passer pour le pire morceau
qu'elle n'ait jamais composé. Cette ballade se voulant porteuse est
lénifiante au possible.
Pendant que nous en sommes aux ballades, restons-y puisqu'il nous en est offert
deux autres - et ça commence à faire un tantinet trop pour un
disque de hard rock - avec 'The Last Summer' et 'Foreign Affair'. La
première est d'un classicisme sans borne, la seconde rattrape à
peine cette faute de goût et ce uniquement grâce à la mélodie, car
là encore nous naviguons dans la désuétude la plus totale. Bref,
du sépia fait notes qui n'aguiche même pas la synesthésie tant la
mièvrerie affichée des propos gangrène l'ambiance.
L'album
s'achève avec 'Shadow Of Love' et 'Final Destination' qui tiennent
correctement leur route mais qui ne vous feront tout de même pas
vous relever la nuit, notamment le second, à moins d'être un fan
absolu des premières notes de 'The Show Must Go On' (essayez le blind
test vous allez tromper tout le monde !).
Praying
Mantis n'aura donc pas réussi la passe de trois avec ce "Gravity", ce
dernier essai étant résolument en-dessous de ses prédécesseurs. On
pardonnera au fidèle insecte ce léger faux-pas tant le groupe nous
a enchantés par le passé, en espérant qu'il saura nous revenir
en pleine forme lors de sa prochaine tentative.