Il aura fallu deux années d'existence à Road To Jerusalem pour nous proposer son premier album éponyme en ce début d'année 2018. Si la formation est récente, ses membres ont déjà traîné leurs guêtres dans différents groupes. Ainsi les noms des deux instigateurs à l'origine de la création de Road To Jerusalem parleront probablement à certains. Per Møller Jensen (batterie) et Andreas Holma (basse) ont fait ou font encore partie de Soilwork, Scar of Symmetry, Invocator, Konkhra ou The Haunted, formations de death et thrash metal.
Que les metalleux cessent de sourire béatement et bêtement, car en créant Road To Jerusalem, Andreas Holma et Per Møller Jensen ont voulu explorer des pistes musicales dédaignées par leurs formations d'origine. Et si la musique se classe dans un registre soutenu avec force décibels, n'espérez pas être saoulés de double pédale, ne comptez pas trembler sous la violence de grunts inhumains et n'attendez même pas d'être étourdis de solos dantesques de guitare.
Pas de double pédale, mais une batterie quand même très présente, voire omniprésente, dont les roulements furieux se déversent comme un torrent en crue sans discontinuer. Ah si, pardon, elle s'interrompt quand même une poignée de secondes sur 'Them', le titre le plus calme (tout est relatif) de l'album. A côté de Per Møller Jensen, le batteur du Muppets Show ressemble à un vieillard apathique. La basse n'est pas en reste, descendant ses lignes en cavalcade effrénée (' Widowmaker').
Pour compléter la paire rythmique, la guitare de Michael Skovbakke construit des murs de son ('Under Your Skin') ou assène des riffs épais. Curieusement, les solos sont rares et courts ('Under Your Skin', 'Poison Ivy') même s'ils ont ce côté shredder cher aux groupes de thrash. La guitare n’a que plus rarement encore la responsabilité du thème mélodique ('Behold in Now') ou se risque à égrener de délicats arpèges ('Them'), étant le plus souvent utilisée comme troisième instrument rythmique.
Car la responsabilité des mélodies repose entièrement sur les épaules du chanteur, Josh Tyree. Son timbre légèrement rocailleux qu'il pousse fréquemment dans les aigus ressemble le plus souvent à un déchirement rauque et évoque Robert Plant ou Bon Scott, parfait véhicule des impressions de désespoir et d'angoisse qui suintent de compositions aux univers sombres et inquiétants. Disposant du charisme et de la puissance indispensable à ce genre de musique, il est le parfait complément d'une formation mature et convaincante.
Les neuf chansons n'accordent que très peu de répit à l'auditeur entraîné dans un maelström sauvage auquel une prise de son très claire évite d'être transformé en magma sonore et, si les titres ont tous un air de famille entre eux, la brièveté relative de l'album évite toute lassitude. "Road To Jerusalem" est un bon album de hard rock typé seventies rappelant le maître incontesté du genre, Led Zeppelin. Pas façon copie conforme comme l'ont très bien fait récemment les Américains de Greta Van Fleet mais de façon plus subtile, comme un arrière-goût de… Tant que des groupes s'inspireront de Led Zeppelin pour sortir des copies de cet acabit, pourquoi s'en plaindre ?