Voilà un petit nouveau dans le monde du metal symphonique dénommé Dream Ocean. Il s'agit d'un groupe initié par deux artistes turcs, à savoir Basak Yvla au chant et Oz Khan à la guitare. Après un premier EP paru en 2012 et plusieurs festivals, les deux compères se sont adjoints des musiciens allemands et croates pour enregistrer et promouvoir le premier album intitulé "Lost Love Symphony".
La chanteuse Basak Yvla est incontestablement l'atout numéro un de ce sextet. Elle possède en effet une voix puissante, plutôt lyrique, d'une technique impeccable, au timbre à la fois clair et volontaire, non dépourvu de hargne. Elle semble à son aise dans tous les registres notamment en voix de tête mais privilégie les tonalités où son coffre impressionnant est le plus confortable, à savoir soprano ou mezzo soprano. Mais la musique de Dream Ocean ne se résume pas à sa performante vocaliste. Les rythmiques assument le répertoire metal mélodique et symphonique classique mais ne désertent pas le prog avec quelques riffs plus syncopés et travaillés. De plus les chorus et solos de Oz Khan sont d'une grande qualité. Il faut également souligner l'omniprésence du clavier de Sebastian Plück, qui offre une diversité fort appréciable. Les orchestrations sont riches et très bien écrites, les arpèges et les mélodies de piano ou dotés de sonorités plus modernes sont également très bien pensés, équilibrés et absolument bien dosés.
Pour un premier album, on peut parler d'une absolue maîtrise instrumentale et vocale qui ferait craindre une certaine froideur et un manque d'originalité. Mais c'est sans compter sur l'intelligence et la complémentarité évidente des musiciens. C'est ainsi qu'après l'introduction instrumentale de rigueur, arrive 'Beyond The Greed' et son riff puissant, son passage instrumental rafraîchissant et son refrain assez accrocheur. Des morceaux tels que 'Wolfheart' ou 'Forever' démontrent une tonalité plus baroque mais aussi plus sombre jusque même 'Never Enough', son growl et une certaine grandiloquence presque caverneuse qui nous plongent du côté obscur. On atteint le paroxysme du lyrisme avec 'Somewhere Untouched" et les rivages de la musique épique avec 'Island Of Dreams', qui nous fait traverser de nombreux paysages sonores, des plus inquiétants aux plus lumineux. S'il fallait trouver des défauts à cet opus, on pourrait regretter un léger manque de respirations et l'absence d'un ou plusieurs morceaux chocs qui ressortiraient particulièrement.
Un quasi sans faute pour Dream Ocean qui parvient à synthétiser ce qui se fait de meilleur en matière de metal symphonique tout en y incluant une lecture originale faite de puissance, d'orchestrations magistrales, de mélodies accrocheuses et de rythmes relativement variés.