Extremities est un jeune groupe hollandais qui n'avait jusque-là proposé qu'un EP en 2016 et qui nous livre un premier album intitulé "Gaia". Il s'agit d'une musique compacte, massive, progressive et riche qui fait notamment référence à des pointures telles que Mastodon, Gojira et bien sûr Textures. Notons au passage que le chanteur Thimo Franssen a joué avec Shadowrise dans un registre un peu différent puisqu'il s'agissait de metal symphonique. Voyons en détail ce que ça donne.
L'album s'ouvre sur un 'Colossus' qui est... colossal, dans le sens où le son est absolument énorme, d'une lourdeur et d'une puissance absolues, doté d'un chant massif, guttural et profond. De quoi réveiller les morts-vivants bataves qui s'égareraient à Eindhoven. La tonalité sera très variable par la suite avec des passages posés, voire atmosphériques à l'image des premières minutes de 'Circular Motions' et de 'Hydrosphere' ou d'autres beaucoup plus véhéments ('Emissary'). Le chant de 'War' rappelle sur certaines mélodies la voix emphatique de Einar Solberg de Leprous avant de s'emballer en vocalises gutturales et malfaisantes. Les rythmes syncopés ne sont pas non plus absents ('Reanimate') conférant une frénésie presque perceptible sur le plan charnel.
L'album se clôt par une longue pièce de près de 18 minutes qui déploie une facette très progressive avec de nombreux passages calmes, parfois agrémentée de saxophone, une voix alternativement hurlée ou d'une clarté aérienne. Les arpèges atmosphériques aux ambiances qui évoquent des groupes tels que Haken laissent la place sur la fin à une cavalcade d'une densité sonore qui pourrait se rapprocher d'Opeth avant de conclure le plus calmement du monde.
Cette alternance vocale coïncide avec des chavirements de
l'environnement musical qui est d'une incroyable diversité. Et même si
une certaine continuité mélodique et tonale assure une forme
d'homogénéité, il est possible d'être un peu déstabilisé par tant de revirements
et ce qui peut apparaître comme une incohérence due à une envie de saisir l'auditeur coûte que coûte. Cela aboutit à une forme de malaise, une difficulté à rentrer dans cet album qui ne se laisse pas apprivoiser.
Extremities ne ment pas sur la marchandise puisque sa marque de fabrique semble de faire passer l'auditeur d'un extrême musical à l'autre en permanence, y compris même parfois au sein du même morceau. Il en ressort un premier album difficile à appréhender, qui possède de nombreuses qualités et des passages réussis. Mais à force de jouer avec le feu, les Hollandais risquent de ne pas trouver leur public ou de le perdre en route.