Cela faisait longtemps que nous n’avions plus de nouvelles du combo poitevin, principal artisan de la scène metal hexagonale du milieu des années 2000. Et pour être totalement honnêtes, nous n’en attendions plus grand-chose vu qu’il ne donnait plus de signe de vie discographique depuis 2013 et la sortie de “Back To Where You’ve Never Been”. Entre l’emploi du temps désormais occupé des trois-quarts du line-up chez le phénomène à la mode Carpenter Brut et surtout la sortie de cet EP uniquement sous format digital et dans l’anonymat le plus total l’an dernier, sans aucune promotion si ce n’est celle du groupe à travers ses réseaux sociaux, l’activité du groupe ces derniers temps était proche de l’encéphalogramme plat…
Mais les premières notes de ‘We Do Not Mourn’ nous rassurent sur l’état de santé du quatuor. Tel Lazare dont le groupe a décrit le syndrome dans son troisième opus, Hacride est revenu d’entre les morts. S'il n’est plus sous les feux des projecteurs, il est bel est bien vivant dans l’univers musical qui ne tient qu’à lui, à la croisée des chemins du death, du metal prog, de l’atmosphérique et du grunge. Qu’il est loin le temps où le combo était affilié à la scène mathcore aux côtés d’un Meshuggah ou autres Dillinger Escape Plan...
‘Treasure This Pain’ perpétue la désormais "reconnaissable entre mille" touche Hacride qui mériterait d’être plus connue tant elle est unique en son genre et vectrice d’émotions fortes. Et pour l’occasion, le caméléon Hacride se pare de couleurs entre la rage d’un Gojira et la mélancolie atmosphérique d’un Anathema. Vient ensuite le point d’orgue de cet EP qu’est ‘These Walls Won’t Tremble Anymore’ qui nous fait passer dans tous les états émotionnels pendant les plus de 8 minutes qui le composent. Après une longue et lente progression pachydermique que n’aurait pas reniée Mastodon époque "Crack the Skye" suivie d’un pont aux refrains entêtants mené par un Luiss Roux au sommet de son art, le morceau se clôt en apothéose par un long instrumental à tiroirs aux riffs répétitifs si envoûtants qu’on voudrait qu’ils ne cessent jamais, à la manière d’un Opeth des grands jours.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et cet EP se termine par une ballade progressive mélancolique ‘Red Oak Tree’ à la manière d’un… Porcupine Tree aux relents grunge par l’entremise de l’organe de Luiss Roux, conférant à la recette Hacride ce petit truc en plus qui en fait un groupe pas comme les autres.
Vous l’aurez compris, nous tenons avec "Chapter I - Inconsolabilis" l’EP de l’année… précédente ! Faute d’une vraie promotion, ce sublime EP est quasiment passé inaperçu mais nous pouvons nous consoler en espérant qu’avec cette chronique certes tardive le second volet de ce chapitre aura les honneurs d’une promotion digne de ce nom auquel l'un des acteurs majeurs de la scène metal française a droit !