Quatre ans après "Fire Inside", leur précédent méfait, et un changement de line-up voyant Chris Getter (ex. Maciste) prendre la place de Joris Beraud à la guitare, les Parisiens de Deadline sont de retour avec un nouvel opus intitulé "Nothing Beside Remains". Avec un tel titre, il est permis de se demander si le quintet a décidé de bousculer les bases d’une identité qui avait un peu tendance à les rapprocher des Guns’N Roses, que cela soit par leurs compositions ou par la voix et le chant légèrement nasillard d’Arnaud Restoueix rappelant fortement un certain Axl Rose.
S’il est bien question de changements sur cette nouvelle galette, il serait plus juste de parler d’évolutions que d’envisager un grand chambardement. Les amateurs de la face Guns’N Roses du quintet se retrouveront dans des titres tels que le cinglant et vicieux ‘D.O.C.’ ou dans le poisseux et hard rock ‘Natural Born Pimp’. Deadline va même jusqu’à ressusciter le personnage de son titre ‘The Hunter’ présent sur "Fire Inside" (2014) le temps d’un ‘Man On A Mission’ qui rase tout sur son passage à grands coups de double-pédale, mais dont la rapidité ne cache pas une ambiance très sombre. Cette obscurité est d’ailleurs prégnante sur la quasi-totalité des titres de cet opus, en dehors d’un ‘Fly Trap’ au groove irrésistible ou d’un ‘Override’ à l’énergie contagieuse.
Parfois inspiré par des ambiances américaines de règlements de comptes (‘Devil’s In The Details’) tout en s’appuyant sur des bases très 70’s (‘Nothing Beside Remains’), se référant à des personnages à la personnalité troublante (‘Natural Born Pimp’ s’inspirant de Mickey, personnage de la série Ray Donavan) ou ralentissant le rythme d’un mid-tempo poisseux déchiré par les saillies d’un refrain sibyllin (‘Mercenary’), la plupart des pièces de "Nothing Beside Remains" enfoncent l’auditeur dans la pénombre. Et que dire de ‘Silent Tears (November 13)’, hommage aux victimes de l’attentat du Bataclan, si ce n’est que sa tonalité reste forcement lourde bien que semblant évoluer de la tristesse et du recueillement vers la colère.
Variant les tempi, cet opus garde malgré tout une cohérence crépusculaire confirmée par le court ‘Sleepless Nights’ qui vient clôturer l’ensemble de manière aérienne. Sans faire preuve d’une grande originalité, Deadline fait cependant évoluer sa recette en rendant plus prégnantes ses inspirations en provenance des années 70 et en prouvant une grande capacité à offrir des thèmes relativement profonds assez rares dans le milieu du hard rock. Avec cet album, les Parisiens confirment leur rôle de leaders nationaux d’un hard rock aux influences nord-américaines.