DBMA, en voici un drôle de nom. Sous cet acronyme se cache Dorian Beltran. Touche-à-tout de 22 ans seulement, l'artiste s'est familiarisé jeune à la guitare et au synthé et se revendique influencé par Depeche Mode, The Cure, Foals et Placebo, entre autres. Avec cet EP, "Auto Tune", nous tenons là la promesse d'une musique audacieuse.
L'artiste va s'appuyer sur ces influences en les déstructurant en expérimentant des sons assez éloignés des lignes classiques et limpides qui sont souvent proposées en matière d'électro. DBMA au contraire explose les portées de notes et les nappes synthétiques avec des loops qui finissent, à force d'écoutes, par devenir hypnotiques et s'ancrer en tête, c'est le but. L'artiste se dirige vers une électro plus rave que celle que propose Daft Punk par exemple.
Pour preuve, 'Auto Tune' trouve sa base architecturale dans Depeche Mode que l'artiste modèle à son image, de façon déjantée avec une voix parfois crispante et détachée qui rappelle un peu les travaux de Sébastien Tellier. La contrepartie d'un choix aussi expérimental est le risque d'aller trop loin et de ne pas assez se poser de limites, quitte à paraître ainsi incompris. Trop de titres reposent sur le même concept et l’EP aurait mérité des compositions avec un agencement différent et plus mélodique. C'est en partie atteint avec le titre 'Yellow Shadow' au rythme transe plus accentué, presque plus dansant et plaisant, moins dérangeant.
L'écoute est donc déstabilisante et il faudra une certaine abnégation
pour tenter de comprendre cet album qui peut s'assimiler à une œuvre
d'art contemporaine. Comme lors d'une visite d'un musée d'art moderne, il faut mettre de côté les a priori, porter un regard sous une autre
dimension et enlever ses œillères pour l'apprécier.
Au final, l'auditeur se trouve avec un EP plutôt culotté, osé et déboussolant. Comme dans une exposition de la FIAC et de manière générale, une œuvre d'art parfois ne s'explique pas, elle se ressent et, à l'écoute de "Auto-Tune", la réponse se trouvera en vous et restera subjective fort heureusement. En la matière, DBMA s'en sort plutôt avec les honneurs et s'il arrive à trouver l'équilibre ténu entre expérimentation et accessibilité, il deviendra l'un des fers de lance d'un genre souvent trop mésestimé.