La Russie ne propose pas que des arènes flamboyantes pour voir s'affronter 22 joueurs autour d'un ballon rond. Elle est aussi un berceau séculaire d'arts d'une incroyable richesse y compris sur le plan musical. Elle a donc logiquement donné naissance à une timide scène metal qui s'exporte assez peu mais dont l'un des représentants s'appelle Overwind. Le troisième album "I Can Do It Again" de ce quatuor est parvenu jusqu'à nous grâce à Bad Reputation qui en assure la promotion.
Répertorié comme du power prog metal, encore une étiquette difficile à définir, Owerwind est en réalité le réceptacle d'influences diverses qui servent une musique majoritairement puissante et enlevée. Ainsi aux côtés d'un metal assez traditionnel qui a permis aux garçons de Krasnodar (située à l'est de la Mer Noire) de soutenir Rage lors d'une tournée russe, on trouve en effet des traces de néo metal et de prog, voire de folk metal. Les titres sont majoritairement séduisants d'une façon ou d'une autre. Le très catchy 'Sleepwalker' côtoie des titres dignes des meilleurs groupes scandinaves ou allemands de power metal tel que 'Labyrinth', ou du metal prog bien ficelé comme sur 'I Do It Again', ou encore le très pêchu 'One More Day' et le metal moderne de 'Blackout'
Le rythme ne retombe jamais vraiment et s’enchainent ainsi 11 brûlots d'assez bonne facture. La voix de Diego Teksuo, nouveau chanteur espagnol du combo, est
puissante, claire et d'une incroyable efficacité. Elle est régulièrement
secondée ou transmuée en growls. L'auditeur se laissera donc porter d'une rive à l'autre d'un metal puissant qui picore ici ou là différentes graines plus ou moins bien germées représentant une large palette gustative. Cette ouverture, plutôt intéressante a priori, confère à Overwind une absence de cohérence et d’identité finalement assez dérangeante car elle empêche de se plonger dans cet album pourtant riche. D'une musique assez indéfinissable, il ressort comme un étourdissement qui peut déconcerter.
Malgré d'évidentes qualités techniques, de composition et d'interprétation, il demeure un peu difficile de se laisser embarquer par cet album varié. Les Russes auraient tout intérêt à canaliser un surplus d'énergie et d'idées foisonnantes pour puiser en eux ce qui les définit, exprimer leur substantifique moelle et ne ressortir que le meilleur de leur indéniable talent.