Si le nom de Laura Meade n'évoque pas forcément de souvenirs immédiats parmi nos lecteurs, celui du groupe au sein duquel elle évolue va sans nul doute attirer leur attention puisqu'elle est ni plus ni moins qu'une des voix de Izz, groupe plusieurs fois salué dans ces colonnes pour la qualité de son rock progressif inventif et foisonnant.
Evoluant cette fois-ci en solitaire, bien qu'accompagnée d'une part par la quasi-totalité de son groupe d'origine, mais également par quelques pointures au sein desquelles nous retrouvons notamment Jason Hart (Renaissance), l'artiste nous propose un concept album autobiographique narrant son combat personnel contre la sclérose en plaques qui l'affecte, le tout avec des paroles dotées d'une très forte puissance évocatrice.
Sur le plan musical, l'univers de Laura Meade est bien éloigné de celui de Izz et ne présente que peu d'accointances avec le rock progressif. Pourtant, le splendide 'Sunflowers at Chernobyl' va nous démontrer le contraire, avec ses claviers introductifs qui renvoient aux premières notes de "Clutching at Straws" – 'Hotel Hobbies' (faut-il préciser de quel groupe il s'agit ?), avant que la suite ne se rapproche de Magenta : intonations vocales à la Christina Booth, basse chantante très présente et un magnifique tricotage basse/claviers pour finir placent d'entrée de jeu cet album sur de très bons rails.
Passée cette première plage, la suite va nous proposer des titres plutôt courts, où Laura Meade évolue dans un univers situé entre Kate Bush et Tori Amos, non seulement sur le plan vocal, mais également au niveau instrumental puisque l'on retrouve le piano très présent dans l'esprit de la seconde ('The Old Chapel at Dusk', 'Irradiation') et le côté parfois expérimental de certaines mélodies et orchestrations de la première.
A ce sujet, il faut également souligner que les accompagnements instrumentaux sont souvent dépouillés, offrant ainsi une belle mise en valeur de la voix de l'interprète. C'est ainsi qu'un simple ukulélé suffit à venir habiller de manière on ne peut plus élégante une mélodie aussi simple qu'accrocheuse ('Home Movies'). Mais, loin de simplement singer ces deux illustres aînées, Laura Meade introduit beaucoup de sonorités modernes et notamment quelques touches d'electro voire trip-hop, comme par exemple sur 'Dragons', deuxième titre epic de l'album, qui s'ouvre par une mélodie poignante rendue sur un mode acoustique, avant que le titre ne prenne de l'ampleur et un rythme entraînant que même la batterie électronique ne parvient pas gâcher.
Les dix morceaux présents sur "Remedium" sont autant de pièces finement ciselées, rendues par des instrumentistes et une interprète de premier plan, dans un style vraiment original. Ne passez surtout pas à côté de ce véritable coup de cœur.