Pour les lecteurs qui auraient raté l'épisode précédent, TumbleTown est un groupe de néo-progressif mené par des vétérans de la scène néerlandaise, ayant œuvré dans Egdon Heath, Seven Day Hunt ou encore Silhouette, formations bien établies dans ce genre très prisé dans cet autre plat pays. Avec cette deuxième livraison, le trio - complété par le fils de Erik Laan derrière les fûts – va continuer dans la veine musicale entretenue depuis plus de 30 années par Aldo Adema, et l'amateur des groupes précédemment cités va très vite retrouver ses petits, avec toutefois quelques nuances, nous y reviendrons.
Durant presqu'une heure, le groupe va nous abreuver de titres aux nombreux passages mélodieux, régulièrement entrecoupés de parties plus complexes aux harmonies parfois dissonantes. La musique de TumbleTown se nourrit d'une profusion de claviers en tous genres, aux sonorités allant de l'orgue Hammond ('All Because of Me') aux nappes modernes qui emplissent l'atmosphère, en passant également par de fréquentes évocations de l'univers d'Eloy. Pour soutenir ce propos puissant, une basse ultra-mélodique et dynamique judicieusement mixée donne une assise solide aux compositions truffées de nombreuses ruptures mélodiques, ce qui rend parfois délicate l'écoute de certains passages, les rythmiques impaires et autres contretemps ne faisant que renforcer cette impression ('Avalon' ou encore 'All Because of Me'). Mais cette complexité reste totalement sous contrôle et le retour en eaux plus balisées s'effectue souvent très rapidement.
Enfin, cerise sur le gâteau, les guitares d'Aldo Adema nous régalent de nombreux soli qui parviennent ainsi à transformer un titre à la mélodie très quelconque ('If I Should Meet You') en morceau digne d'intérêt. Mais là où notre vétéran innove quelque peu, c'est dans l'utilisation de la guitare acoustique qui vient régulièrement caresser nos oreilles ('One Giant Stage') pour offrir un contraste intéressant avec les nombreuses saillies électriques. Et s'il fallait résumer tout cet album avec un seul titre, alors les 11 minutes de 'Transatlantic' ne pourraient que contenter les plus impatients, tant cet epic caractérise la musique du groupe avec ses nombreux changements de thèmes et d'ambiance, ses variations rythmiques et sonores, violon et flûte (probablement samplés) venant s'ajouter au décor.
Avec tout leur savoir-faire acquis depuis plusieurs décennies, les trois musiciens de TumbleTown continuent d'œuvrer dans un univers progressif moderne, bien campé sur ses bases, à la fois accessible et complexe, apte à contenter nombre d'auditeurs. Si la recette n'a guère changé depuis l'époque d'Egdon Heath, le plaisir reste toutefois entier par la grâce de compositions bien léchées et superbement produites.