Voilà plus de huit ans que Manticora a sorti son dernier album, "Safe", en 2008. Depuis, une grande activité scénique mais point de sortie à se mettre sous le croc. Quand, en plus, on sait que le dernier effort avait divisé les fans en raison d'un virage simpliste du côté sombre de la force, la sortie de ce "To Kill to Live to Kill" était attendue avec excitation et anxiété.
L'album est le premier volet de l'adaptation d'une nouvelle écrite par le chanteur Lars Larsen sous la forme d'un double concept album.
En guise d'intro, les Danois nous servent un extrait du Concerto N°1 pour piano de Tchaikovsky, anecdotique, avant d'enfoncer la pédale d'accélérateur à fond avec 'Echoes Of A Silent Scream' à la rythmique speed/thrash et aux riffs fulgurants mais manquant quelque peu de force mélodique. Le problème est vite corrigé avec les trois titres suivants, tout aussi énergiques mais agrémentés de mélodies bien plus percutantes. L'instrumental 'Humiliation Supreme' pousse le bpm au paroxysme et la double pédale nous les fait perdre en moins de trois minutes.
La bande à Larsen renoue avec une écriture plus riche où les multiples phases s'enchainent avec habileté, les riffs tous plus acérés se succèdent et les changements de rythmes sont fréquents. Ces aspects progressifs se retrouvent dans les multiples phases instrumentales qui émaillent des titres denses majoritairement compris entre 6 et 9 minutes. Le rythme ne faiblit presque jamais et les brûlots heavy se succèdent rappelant Metallica, le Maiden des années "Powerslave" ('Katana - Awakening The Lunacy' et 'The Farmer's Tale Pt 1' - The Aftermath Of Indifference'), ou Blind Guardian dont le chant de Lars est assez proche.
Paradoxalement, le titre le plus épique 'Growth' est peut-être le plus indigeste avec des changements de tempos moins fluides et quelques phases de chants grossières trop typées metal-opéra, mais bien compensées par un refrain à la mélodie salvatrice.
Le dernier quart de l'album marque un essoufflement avec une power ballade dispensable et deux dernières pièces faisant écho à des précédents titres avec tout de même un break à la Ihsahn au cœur de 'The Farmer's Tale Pt 2 - Annihilation At The Graves'. Seule la frénésie de 'Katana - Opium' retient l'attention avec un rythme infernal, des solos dantesques et un final à couper le souffle.
Après 70 minutes de speed, de thrash et de heavy à un rythme aussi soutenu, Manticora aura certainement perdu une partie des auditeurs en route. Mais ceux qui seront restés n'auront de hâte que de remettre le couvert. Ils découvriront de nouvelles subtilités (si l'on peut dire) à chaque écoute tant il est difficile d'assimiler une telle densité en une seule fois. Mais la richesse de ce "To Kill To Live To Kill" plaira certainement à un public metal très large à condition de supporter un rythme démentiel. Attendons désormais la suite avec impatience car la première partie donne envie de voir l'œuvre dans son ensemble.