Dudes Of Groove Society autrement dit DOGS est une formation strasbourgeoise dont l'objectif est de remettre au goût du jour le funk en France. Ce style musical a été longtemps considéré, dans notre pays, comme le corollaire de la vague disco de la fin des années 70. Il a connu ensuite son apogée dans les années 90 avec FFF qui revenait aux fondamentaux tout en lui ajoutant des touches plus rock, également avec Sinclair. Depuis lors, le funk est quelque peu tombé dans un relatif anonymat médiatique même si des groupes comme Jamiroquai, Gorillaz voire Red Hot Chili Peppers s'en inspirent pour certains de leurs titres.
Casquettes vissées sur la tête, lunettes flashy, le groupe invite l'auditeur à un retour aux années 80 tant sur le plan du look que sur le fond. Pour autant, le son s'avère plutôt moderne car le combo alsacien n'hésite pas à emprunter, pour composer leur EP, tout ce qui s'est produit dans la musique dans l'intervalle qui sépare ces années 80 de "Donut". Ainsi, le titre éponyme ouvre les hostilités sur des fondations hip hop dans le phrasé du chant que vient contrebalancer un refrain chaloupé plus mélodique. 'Mead' revient à une définition plus classique du style avec un groove hypnotique et une basse, sur laquelle le titre est charpenté, qui apporte une grande dynamique au morceau qui fera taper du pied au sol ou lever le moindre récalcitrant de son canapé pour se déhancher.
'Mirror' revêt la forme d'un funk beaucoup plus cool apporté par le refrain efficace et quelques cuivres qui sonnent toutefois assez synthétiques, le titre empruntant au jazz dans les nappes de claviers accentuées vers la fin plutôt apaisante. La variété est accentuée par l'atmosphère brésilienne et caribéenne de 'Quero Viver Perto Do Mar' chanté pour moitié en français et portugais (dont les paroles citent au passage Aznavour), faisant, avec ses chœurs féminins et ses cuivres le titre le plus ambiançant de l'album. La fête se clôt sur un 'Wars' tout aussi entraînant et direct, plus classique sur la forme avec quelques effets electro sur la voix pour la rendre robotique (un peu à la Daft Punk) et surtout un joli pont instrumental relevé par un solo de guitare d'assez bonne facture.
Si vous aimez ce style ou si vous êtes assez curieux pour y jeter une oreille, vous ne serez pas déçus par ces titres très rythmés. Le but est atteint de redonner au style ses dorures d’antan en utilisant le matériel d'aujourd'hui. Au regard du marasme actuel et des tubes estivaux qui vont fleurir d'ici là à grand renfort de médiatisation, n'hésitez pas à sortir des ornières et à vous frotter à DOGS qui, le pari est pris, fera partie de votre playlist de l'été (et des autres saisons).