Il aura fallu dix ans aux allemands de Ricochet pour sortir ce deuxième album, la faute à un changement partiel de line-up qui a vu notamment l'arrivée du chanteur Christian Heise. Comme son titre le laisse fortement penser, "Zarah" est un concept-album relatant la destinée glauque d'une jeune fille abusée, meurtrière de son père. Je laisse là le lecteur faire toutes ses suppositions sur la suite de l'histoire non sans remarquer qu'il y a des prénoms qu'il vaut mieux éviter de porter dans des concepts-albums de métal, les amateurs de Wolverine me comprendront. Si je viens de qualifier Ricochet de métal, il me faut maintenant nuancer cette appellation car à l'écoute de cet album, on pense presque autant à Arena ou encore Sylvan qu'à Threshold ou Queensryche.
Oeuvrant dans un genre assez balisé, ce "Zarah" s'avère être une excellente surprise. Tout d'abord, Ricochet parvient avec cet album qui sonne pourtant extrêmement familier à éviter la majorité des écueils sur lesquels s'échouent de nombreux groupes progressifs. En premier lieu, il est très appréciable qu'un concept-album ne commence pas systèmatiquement par une énumération de 6 minutes de tous les thèmes jalonnant l'album. Si le premier titre de 9 minutes n'est pas totalement convaincant (un peu trop long dans sa première partie pour ce qu'il a à offrir), "Teartown" a le mérite de plonger parfaitement l'auditeur dans l'ambiance de cet album qu'il ne risque pas de lâcher avant la fin des 72 minutes (ou presque).
Celui-ci appréciera notamment qu'un instrumental typé métal-prog ("Disobedience") soit tout sauf rébarbatif pendant 6 minutes ou encore que deux ballades ("Silent Retriever" et surtout "Final Curtain"), loin d'affaiblir l'ensemble, soient l'occasion de deux intenses moments d'émotion. Le guitariste Heiko Holler en est l'un des principaux artisans. A l'image de tout le groupe, il ne met jamais en avant sa technique et privilégie toujours la mélodie.
Aux riffs lourds succèdent les soli lumineux et aériens qui font décoller les morceaux comme sur "Final Curtain" ou encore sur la superbe conclusion "A New Day Rising" qui sonne du coup très typée néo-progressive (et de l'excellent d'ailleurs). Il est un peu dommage qu'après avoir évité pas mal de clichés, le groupe nous fasse le coup dit de "la lumière au bout du tunnel" soit quelques minutes de silence suivies du retour de quelques orchestrations.
On pourrait reprocher à Ricochet de ne pas s'émanciper suffisamment de certaines influences, inévitables certes quand on officie dans le prog-métal. L'amateur du genre risque donc de le considérer juste comme un album de plus mais, en ce qui me concerne, cet opus mérite beaucoup mieux et j'attends avec impatience la confirmation de cette belle réussite.