Formé sur Paris en 2010 à l’initiative de Florent (chant et guitare), The Defigurheads aurait pu disparaître avec le déménagement de son leader dans les Ardennes. Mais le bonhomme tient à son projet et il s’entoure de la bassiste Marty et du batteur Cyril pour continuer l’aventure et nous offrir ce premier album intitulé "Chaos And Cosmos" qui fait suite à l'EP "Yuri’s Got A Dream" paru fin 2014. Avec de tels titres, il serait facile d’imaginer un bon space rock des familles mais, même s’il y a ici des effluves de fumées colorées à même de vous faire voyager au-dessus des nuages, la musique proposée ressemble plutôt à un bon rock musclé aux racines profondément ancrées dans les 70’s.
La production met directement dans l’ambiance avec un son bien root et un mix rendant hommage à une rythmique groovy menée par la basse prégnante de Marty et à la batterie dynamique de Cyril. Les fans des années 70 pourront retrouver quelques hommages plus ou moins appuyés à Alice Cooper (le rock horrifique de ‘Like A Zombie’), à AC/DC (l’intro du single ‘Schrödinger’s Cat' aux accents de celle de ‘Problem Child’), à Black Sabbath (l’ouverture pachydermique de ‘Misery’) ou à Status Quo (le boogie-rock énergique de ‘Anger’). Sur le délirant ‘Serious Disease’, c’est à la scène punk britannique que l’on pense et l’ensemble montre des influences clairement biberonnées en Grande Bretagne (‘Rock’n’Roll Babe’) faisant la part belle à de nombreux changements de tempo. A ce titre, l’enchaînement ‘Ten Minutes…’ / ‘… Before Chaos’ flirte avec un rock à la fois psychédélique et progressif, le premier titre se révélant une introduction instrumentale au second en s’étendant sur plus de 6 minutes et en déversant des tonnes de distorsions et autres whoa-whoa.
Avec un tel mélange des influences et une belle énergie, le trio offre une œuvre très attachante mais n’échappe pas à quelques faiblesses souvent inhérentes aux premiers albums de jeunes formations. Emporté par son enthousiasme, il perd parfois un peu de cohérence sur certains titres (‘Misery’). Quant au chant de Florent, il laisse parfois apparaître quelques difficultés dans des montées mal maîtrisées (‘Serious Disease’, ‘Rock’n’Roll Babe’) et est surtout marqué par un fort accent français. Difficile de dire s’il s’agit là d’un parti-pris visant à renforcer l’identité du groupe, ce qui n’est d’ailleurs pas sans un certain charme, ou d’une faiblesse sur laquelle le chanteur devra travailler pour gagner en crédibilité. Chacun se fera son propre avis, mais voilà un point qui ne pourra pas passer inaperçu tant il est évident et accroche l’oreille des puristes.
Il serait cependant dommage de ne pas dépasser ces quelques faiblesses car les neuf titres proposés ici sont des concentrés d’énergie et d’un enthousiasme contagieux. Les racines sont assumées et déjà digérées, offrant à la formation ardennaise une identité déjà affirmée et attachante. Entre rock, punk et hard-rock, mais se référant toujours aux années 70, la musique de The Defigurheads est déjà en capacité de toucher un public large, amateur d’un rock authentique et sans concession.