Créé fin 2017 lors d'un festival de science-fiction sous la forme d'un ballet electro-rock symphonique, "Big Bang" nous arrive quelques mois à peine après la quatrième partie d'"Excalibur", dans un concept quelque peu différent puisque sont évoqués ici l'univers et sa genèse.
Comme pour chacun de ses nombreux projets, Alan Simon s'est entouré d'une belle brochette d'amis musiciens, avec une nouvelle fois John Helliwell en tête de gondole, omniprésent avec son saxophone tout du long des 57 minutes de cette fresque galactique. On notera également la présence de Michael Sadler (Saga), mais aussi celle d'Alan Stivell ou de Roberto Tiranti.
Pour coller au concept, Alan Simon a également collaboré avec la NASA qui lui a fourni quelques sonorités et enregistrements en provenance directe de l'univers, que l'on retrouve essentiellement au début ou en fin de quelques titres. Et avec un tel thème, l'auditeur va bien entendu s'attendre à se retrouver quelque part entre Vangelis ou encore Mike Oldfield, période "Songs From the Distant Earth".
Et les premiers instants de l'album ne vont pas démentir ce pronostic : des sonorités à la fois légères et profondes faites de claviers symphoniques et de piano inspiré, une touche d'electro en plus, le tout accompagné par des chœurs majestueux et la magic-touch du saxophone de sieur Helliwell nous embarquent rapidement dans un voyage vers les étoiles les plus lointaines. Et bien entendu, le sens mélodique unique du Nantais confère à l'ensemble un côté littéralement envoûtant complètement addictif.
Cependant, cantonner le style de l'album à ses trois premiers titres serait beaucoup trop réducteur tant les sujets abordés s'avèrent une nouvelle fois variés. Oh certes, point de sonorités celtisantes ici-bas, mais Alan Simon va aller mettre en exergue ses penchants affirmés pour le rock progressif, guitares électriques, basse ronflante rappelant David Paton (The Alan Parsons Project) et batterie lourde dès la plage suivante ('Seven Moons in the Sky'), superbement répétitive.
Des accents jazzy vont également accompagner 'Space Time', titre porté par un trio piano/saxophone/basse. Plus étonnant, la rythmique et les accents funky/disco de 'The Journey' offrent une respiration inattendue, avant que mister Sadler ne vienne porter au plus haut un 'Fools' puissant, titre typique d'opéra rock, dont la conclusion se présente ensuite sous la forme d'une 'valse de l'Univers' sobre et dépouillée. Au final, on retiendra de l'ensemble cette atmosphère unique qui enrobe toutes les réalisations d'Alan Simon, portée par une production lumineuse qui permet de nombreuses superpositions de couches sonores.
Bien dans la tradition de ses différentes fresques épiques, "Big Bang" permet à Alan Simon de quelque peu s'éloigner de ses traditionnels horizons celtiques, tout en conservant ce qui fait la force de ses réalisations précédentes à savoir une qualité de mélodie et d'arrangements uniques, au service d'ambiances à nulles autres pareilles. Un nouveau moment de bonheur auditif à ne pas rater.