Quatre années de maturation ont été nécessaires à Delusion Squared pour nous délivrer leur quatrième album, "Anthropocene", venant continuer la discographie du groupe après la clôture de leur première trilogie.
En parlant de continuité, ou plutôt d'absence de continuité, c'est à un changement majeur auquel les auditeurs de cette nouvelle galette vont être confrontés, puisque Lorraine Young a quitté le navire, laissant la place à un chant masculin assuré majoritairement par Steven Francis. Et nul doute que celui-ci s’avérera beaucoup plus consensuel que précédemment, tant les intonations aiguës de ce chant féminin avaient prêté à controverse sur les précédents albums.
Ceci étant, le désormais duo nous gratifie d'un album de plus d'une heure, dont le concept tourne autour de l'exploration de différents futurs pour l'humanité, s'ouvrant sur une mise en bouche de qualité, délivrée par des claviers en tous genres soutenus par des rythmiques mid-tempo très travaillées, comportant de nombreux breaks. Mélodie impeccable, accompagnements soignés, cette ouverture va donner le ton à une œuvre à la fois très accessible, mais néanmoins truffée de tous les éléments qui présagent d'un rock progressif inspiré et passionnant. Et c'est effectivement le cas !
Ainsi, 'Necessary Evil' va monter tranquillement en puissance jusqu'à un pont instrumental syncopé de toute beauté. C'est également la chouette ballade acoustique 'The Promised Land' qui déploie un refrain "à tomber", enchanté par la grâce de la flûte de Emilie de Neef. A l'autre bout du spectre, on trouve un 'Under Control' plus électrique, plus tortueux, flirtant avec le metal à la manière d'un Porcupine Tree au meilleur de sa forme. Et omniprésents, à la manière de Spock's Beard, des chœurs très travaillés sur les refrains de nombreux titres apportent un côté grandiloquent sur ces passages.
Servis dans des formats plutôt courts, les différents morceaux alternent avec bonheur les ambiances, avec toujours ce souci méticuleux de la mélodie qui fait mouche, de l'accompagnement travaillé qui fait que ce progressif à tendance très néo se révèle passionnant d'une écoute à l'autre, et que malgré la longueur relative de l'album, il est difficile d'en décrocher surtout une fois connu le final atmosphérique tout en douceur délivré par 'Prayer', attendu comme la cerise sur le gâteau. Ce qui n'empêchera pas de reprendre de nombreuses parts de celui-ci !
Au sein d'une première partie d'année 2018 plus que riche en productions françaises de qualité, Delusion Squared se positionne sans problème dans le peloton de tête par le biais de son album le plus abouti. "Anthropocene" contient tous les ingrédients aptes à ravir le plus grand nombre d'amateurs d'un rock progressif de qualité, tout à la fois accessible et intelligent. A ne surtout pas manquer.