Deux ans et demi après le précédent opus, les Allemands de Subsignal remettent le couvert avec un cinquième méfait intitulé "La Muerta" dans la même veine de rock progressif teinté de pop, de metal (par petites touches) et d'AOR. Qu'attendre de ce groupe qui a notoirement montré des limites dans l'inspiration mélodique lors de son précédent essai ?
La recette semble en tous points identique avec une musique faite de néo prog et de riffs acérés heavy et léchés, de lignes mélodiques sinueuses et de refrains aux multiples couleurs soutenus par des chœurs récurrents. L'originalité ne semble pas avoir repris le pas sur la routine des dernières années. Pourtant certaines améliorations sont notables, comme par exemple ces mélodies plus incisives dès le très réussi 'La Muerta', ou sur 'Bells' et 'Every Able-Hand' à l'efficacité retrouvée, ou les arrangements subtils des pièces plus douces ('Tears' et 'Approaches') qui montrent que Arno Menses et Markus Steffen ont tenu compte des remarques unanimes sur leur travail. Mais la seconde partie s'essouffle un peu et les mélodies deviennent moins évidentes au fil des titres en fin d'exercice.
À défaut d'originalité, le groupe dispose d'une vraie signature musicale reconnaissable entre mille essentiellement incarnée par ce(s) chant(s) si particulier(s), et il s'y tient. Cette preuve d'intégrité l'empêche de perdre son identité à tenter de faire autre chose que ce qu'il est. C'est bien sûr au détriment de toute velléité d'évolution. Pour autant, la musique de Subsignal est agréable et parfaitement exécutée, les mélodies sont souvent savoureuses rappelant Yes ou Rush ('le très pop 'Stars Don't Shine') et les ambiances ont nécessité de nombreuses heures de travail pour un résultat agréable qui promet quelques écoutes pour en appréhender tous les détails. Mais le problème persiste, encore et toujours, cette impression de déjà-entendu sur les galettes précédentes.
La production exemplaire est à la hauteur de la maîtrise technique du combo de Stuttgart qui sait très bien ce qu'il fait et qui le fait bien.. Oui mais voilà, "La Muerta" est tellement dénué de toute surprise qu'il est difficile de s'extasier devant un travail tellement prévisible. De même qu'il est tout aussi difficile de le descendre puisqu'il est si bien réalisé et que sur le coup, presque tous les titres fonctionnent immédiatement. 'Passages' en est l'exemple criant, titre le plus typé néo prog à la Sylvan mais ne laissant pas de trace particulière après son écoute.
Subsignal fait du Subsignal et ne sait visiblement pas faire autre chose, le poids des ans y étant certainement pour beaucoup. Les fans apprécieront et s'en contenteront. Les autres, sur lesquels la recette n'a plus de prise, l'écouteront une fois avec plaisir puis passeront leur chemin et ré-écouteront plus volontiers "Beautiful and Monstruous" qui avait le mérite de la nouveauté ou se glisseront entre les oreilles un petit "Paramount" de Sieges Even pour se remémorer ce que les Allemands étaient capable d'inventer il y a une douzaine d'années. Mais ça c'était avant.