Cela faisait cinq ans que nous étions sans nouvelle de Norbert Krueler, plus connu sous son nom de scène, Shamall : cinq ans depuis la parution de son dernier album, "Turn Off". Si à l'époque nous avions qualifié cette production "d'album-fleuve", nous ne croyions pas si bien dire : "Continuation" le bien-nommé reprend les chutes (retravaillées) qui n'avaient pas été retenues sur "Turn Off".
Et quelles chutes ! "Turn Off" comprenait déjà deux CDs fort bien remplis, "Continuation" se contente d'un seul CD, mais de près de quatre-vingt minutes. Bref, côté quantité, nous sommes servis mais qu'en est-il de la qualité ? Comme pour l'album précédent, et sans surprise, l'auditeur se retrouve plongé dans une musique électronique faisant majoritairement penser à Tangerine Dream et plus occasionnellement au Pink Floyd "planant", notamment par des sonorités de guitare évoquant un envol d'oiseaux. Les titres suivent tous peu ou prou le même schéma : un fond rythmique assez fourni et répétitif sert de support aux claviers et guitares qui y vont chacun leur tour de longs solos plus ou moins inspirés. Les thèmes mélodiques sont agréables, tantôt très doux, le plus souvent assez enlevés et tout cela s'écoute sans déplaisir. L'album est presqu'entièrement instrumental : seuls trois titres sont chantés ('It's Been a Long Time', 'It's Time to Grasp the Mantle' et 'The Streets Are Filled With People'), sur lesquels Norbert Krueler est rejoint par la jolie voix d'Anke Ullrich. Malheureusement, le choix de sous-mixer les vocaux noie ceux-ci sous les couches de claviers et guitares, gâchant un peu le relief qu'ils auraient pu apporter à la musique.
Car c'est bien là que le bât blesse : l'album manque cruellement de relief, les titres se suivent et se ressemblent tellement que l'on passe parfois de l'un à l'autre sans même se rendre compte qu'on avait changé de morceau, et l'auditeur sombre rapidement dans un état de torpeur proche de la somnolence. Les bonnes idées mélodiques sont trop diffuses pour permettre d'accrocher durablement l'attention, éparpillées au sein d'une musique trop semblable.
Après deux bons titres (le très réussi 'Fragments' séparé en trois parties qui s’enchaînent et le correct 'It's Been a Long Time'), tout est dit : le reste de l'album n'est que délayage plus ou moins intéressant et un peu soporifique. En condensant son propos, Shamall avait tout pour faire un album de 40 minutes honorable. En le diluant comme il l'a fait sur 80 minutes, il perd l'intérêt de l'auditeur qui a la désagréable impression d'écouter la même musique en boucle.