Si la renommée de Tusmørke gagne difficilement nos contrées, ce n’est pas par manque de productions : en seulement 6 ans, le groupe originaire d’Oslo en est à 3 EPs et présente en 2018 son sixième album "Fjernsyn y Farver" ("Télévision en couleurs"). Musicalement, le quartet (flûte, claviers, basse et batterie - notez l’absence de guitares) évolue dans un univers folk progressif psychédélique.
Quand le terme "progressif" reste porteur d’une certaine modernité, la qualification "folk psychédélique" renvoie quant à elle dans des années beaucoup plus anciennes (60-70´s), un filon déjà exploité avec talent par des groupes comme Deluge Grander ou Anglagård. Mais ici l’imagination est beaucoup moins fertile et les moyens, bien moins ambitieux : si les groupes cités développaient des thèmes évolutifs avec une riche orchestration, Tusmørke utilise des motifs souvent répétés et toujours présentés à l’identique, avec une flûte en vedette soutenue par tout un aréopage de claviers datés (ah, les zigouigoui spatiaux de ´3001´ !) qui même s’ils sont nombreux, recopient avec une application besogneuse les mêmes ambiances. Avec une production datée, qui certes reste dans l’esprit de l’époque mais étouffe tous les sons, et un souci mélodique pour le moins distant, l’auditeur peine à trouver un point d’intérêt dans tant d’uniformité, d’autant que le chant de Benediktator, fort terne, ne fait rien pour pimenter l’ensemble (tous les titres sont chantés en norvégien, à part ‘Death Czar’, dans un anglais nébuleux).
Avec "Fjernsyn y Farver", Tusmørke a commis un album indistinct et sans charme, aussi palpitant qu’une journée brouillée d’automne, de celles qui donnent envie de rester calfeutré à la maison en écoutant un bon disque. Anglagård, tiens : eux au moins ont eu la sagesse d’abandonner un chant qu’ils savaient pénalisant...